• V.

    J'entraînai Mello au milieu de la pièce. Prise par le stress, je tremblotais. Mon cœur battait encore plus vite que d'habitude. Je regardai ailleurs, essayant de ne pas croiser le regard sublime et désarmant de Mello, et aussi dans l'espoir qu'il ne remarque pas que mon visage était devenu encore plus rouge que mes cheveux. Je commençai alors à lui parler de tout et de rien, par pur remplissage. Putain, pourquoi fallait-il toujours que je devienne timide et que je me mette à bafouiller dans des situations comme ça ? C'était tellement embarrassant ! Et en plus, il fallait que j'en fasse des tonnes et que je parle à toute vitesse. J'étais le parfait cliché de la fille douce et timide dans les shôjos. Oh, en soi, j'avais rien contre ça. C'est juste que je ne pouvais m'empêcher d'imaginer si des gens me voyaient. J'aurais droit à des moqueries, à tous les coups.

    N'y pense pas, tout ce qui compte, c'est Mello.

    – Euh, enfin bref… Du coup, je voulais déjà te donner ça, finis-je par dire en lui tendant ma tablette de chocolat.

    Je détournais d'autant plus le regard. Et au même moment, Mello me sauta presque au cou pour me remercier. « R-relax, c'est juste du chocolat », j'arrivai à bégayer.

    – Tu sais bien que c'est la seule chose qui me fait carburer. Et bordeeeeeel, j'adore cette marque, t'imagines pas ! C'est la meilleure de tous les États-Unis ! Sérieusement, c'est génial. Merci !

    – Héhé… De rien. C'est rien du tout, ça. C'est juste que bon, je me suis dit que, te connaissant, ça pourrait peut-être te faire plaisir. J'suis contente de voir que je ne m'étais pas trompée. Parce que bon, j'y connais rien, je suis pas diplômée ès chocolaterie, ou je sais pas comment on dit… Pour ça faudrait plutôt demander à mon grand-père.

    Et voilà, bravo ma grande, tu radotes encore !

    Mais puisque cela semblait intéresser Mello, je racontai alors une histoire que ma mère m'avait racontée quand elle était jeune, comme quoi son père avait un jour manqué de mourir en mangeant un sublime gratin de cardes, qui l'avaient rendu malade comme c'est pas possible. Et, véridique, seule sa réserve secrète de chocolat lui avait « sauvé la vie. » Mello eut un petit sourire du niveau de Draco Malfoy, et déclara qu'au final, il avait d'autant plus raison de se bourrer de chocolat, puisque ça sauvait des vies.

    Je rigolai et lui offris par la suite les autres cadeaux que j'avais prévus – et que nous avions fixés ensemble histoire de ne pas nous décevoir, pour tout vous dire. Des fringues, avec Mello, il fallait s'en douter, mais aussi, cadeau qui n'était pas prévu au programme mais que je tenais à lui offrir depuis un bout de temps, une guitare électrique. Achetée en seconde main à environs 50 dollars, mais ça, il n'avait pas à le savoir.

    Rien qu'à voir sa réaction, je compris que j'avais fait un bon choix en lui achetant cette guitare. Il était littéralement aux anges. Je regardai ailleurs pour éviter de rougir encore plus, tandis qu'il se confondait en remerciements. Au bout d'un petit moment, je lui demandai s'il voulait bien jouer un petit morceau.

    – Mouais enfin, je connais aucune chanson romantique, ni rien qui pourrait aller pour un jour comme la Saint-Valentin, avoua-t-il en retenant un rire. Tu dois t'y connaître mieux que moi, j'imagine--

    – Ah non. Non, non, non, n'y pense même pas ! Je chante pas. Je joue pas. Ou si je joue, c'est à la guitare sèche. Et seulement du Hatsune Miku version acoustique et buggée. Rêve pas.

    – Bon, je vois le genre. Je te chante la chanson que tu veux, mais après, je t'ordonne de t'y coller aussi. Ce que tu veux. C'est un bon deal, nan ?

    – Je te hais, mec. Je te hais tellement. Mais bon, si tu y tiens… Vas pour du Green Day, pour voir ?

    – Avec plaisir.

    Il commença presque aussitôt les accords de Extraordinary Girl, avec cependant un fond un peu plus metal que l'original, ce qui n'était pas pour me déplaire. Je le regardais jouer avec fascination, telle cette idiote de Bella Swan – oui, toujours elle – devant son beau gosse de vampire. Et lorsqu'il commença à chanter, un sourire se dessina sur mes lèvres. Sa voix était très belle, plus grave que d'habitude, magnifiquement bien balancée entre les graves et les aigus. Assez rapidement, je me surpris à chantonner à voix basse, portée par sa voix sans défauts. Avec tout le respect que j'éprouvais pour Billie Joe Armstrong, je dois dire que Mello l'enfonçait sans problèmes.

    Lorsqu'il prononça les derniers mots de la chanson et joua les derniers accords, j'avais l'impression que la chanson était plus courte que d'habitude. J'aurais bien voulu qu'il fasse un peu plus durer le refrain.

    – Tu chantes tellement bien, soufflai-je. C'était génial.

    – Oh, tu sais, c'est rien de ouf, juste quelques accords super simples… Bon, à ton tour. Je suis sympa, je te laisse choisir ce que tu veux chanter, si tu préfères.

    – Bon, je suppose que j'ai pas le choix, soupirai-je en me saisissant de la guitare. Bon, c'est pas vraiment une chanson qui va pour une électrique, mais ça ira. J'espère. Et te fous pas de ma gueule si je rate un accord. Et je chante faux, je te préviens d'avance.

    – Arrête deux secondes et lance-toi !

    Je soupirai, puis pris correctement ma guitare entre les mains. Après une courte hésitation, je commençai les premiers accords de The only exception de Paramore. Une de mes chansons préférées, surtout si on se plaçait d'un point de vue romantique. C'était l'une de ces chansons dans lesquelles je me retrouvais un peu. Comme pas mal des chansons de ce groupe, quand j'y repense.

    Après tout, moi aussi, j'avais vu la destruction du couple que formaient mon père et ma mère, même si ce n'était pas dans les mêmes circonstances. Le résultat était le même. Un jour, mon père avait craqué, et nous avait abandonnées, moi et ma mère, pour partir avec son Russe. Ma mère n'oublia jamais ce coup bas. Et moi non plus, je ne l'oubliai jamais. Ce jour-là, je m'étais rendue compte que l'amour pur et sincère que ces merdes de films Disney nous vendaient sans cesse, c'étaient un beau ramassis de mensonges. Qu'on vivait dans un monde réel, dans lequel il n'y avait pas de beau prince sur son cheval blanc venant secourir la princesse. Que les hommes pouvaient être des connards, partant comme ça, un jour, sans prévenir ni dire au revoir. Et oser « revenir » deux ans plus tard, seulement sous prétexte de vouloir former leur fille à devenir un agent de la CIA accompli.

    Lorsque j'avais compris cela, je m'étais jurée d'arrêter de chanter des chansons d'amour à la con. De ne pas me laisser avoir au premier joli minois venu. Alors bon, j'avais à moitié brisé cette promesse à cause d'un nombre extraordinaire de personnages fictifs, mais bon, ce n'était pas pareil. On parle là de personnages créés de toutes pièces pour cela. C'est pas comme si j'étais tombée amoureuse de tous les garçons que j'avais croisés dans un coin de rue. Ça, ç'aurait été particulièrement improbable, venant de moi.

    Bref. J'avais fait cette promesse. Je m'y tenais. L'amour avec lequel on bassine les gosses, c'est des conneries. Je me tenais à une agréable distance de tous les autres garçons que je pouvais rencontrer. De toutes manières, même si je venais un jour à tomber amoureuse, ça ne durerait pas, n'est-ce pas ? Alors bon, pourquoi souffrir d'une rupture quand c'était si simple de ne pas tomber amoureuse ? Personne ne valait la peine de prendre le risque de souffrir.

    Et puis, il y eut Mello. Mon unique exception. Le seul qui avait réussi à briser ma coquille. Le seul pour lequel j'avais envie de prendre le risque de me tromper et de souffrir. Comment s'y était-il pris ? Aucune idée. Ce fut un pur coup de foudre, dont je ne pouvais me défaire. Dès le moment où nos regardes s'étaient croisés, j'étais tombée amoureuse de lui, sans vouloir me rendre à l'évidence.

    Mello… Le jour où lui et moi nous étions rencontrés, j'ai eu l'impression de vivre pleinement ma vie. Comme si, pour la première fois depuis des années, je revoyais des couleurs dans ce monde. Là où un grand nombre de personnes devaient voir en ma décision de rester auprès de lui une sorte de sacrifice, quand j'y repense, je voyais plutôt ça comme la meilleure décision que j'aurais pu prendre.

    C'est extraordinaire. J'ai toujours critiqué les fanfictions niaises. Je me suis toujours moquée des actes mielleux ou romantiques à en mourir dans les films que je regardais, et voilà que je me mettais à penser et à agir comme dans la pire des fanfictions. Je suis insupportable.

    – …you are the only exception. …Ça va, c'était pas trop cringe ?

    – Cringe ? Nan, c'était très joli, au contraire. Tu chantes super bien, tu sais… Faudrait qu'on fasse un duo, un de ces jours.

    Je rougis d'autant plus, et bafouillai quelques phrases sans queue ni tête. Par la suite, Mello récupéra sa guitare et nous nous mîmes à chanter tous les deux pendant une bonne heure, accompagnés uniquement par les coups de guitare de Mello, qui jouait aussi bien qu'un pro. Et c'est dans des moments comme ça que je me rendais compte que, loin d'écouter uniquement du rock, il connaissait aussi quelques chansons assez girly que je n'aurais pas imaginées de lui. D'après lui, il connaissait ça à cause de Linda, Hinano et les autres filles de la Wammy's House. Ça, et le fait que chaque fois que lui et Matt étaient dans la même pièce, celui-ci chantait des chansons de Taylor Swift, juste pour l'emmerder, et qu'à force, c'était rentré. J'éclatai de rire.

    Nous parlâmes encore un peu de musique. C'était le genre de conversation où j'étais intarissable. La musique, c'était toute ma vie. Je pouvais passer des heures à comparer des chansons et des clips, à expliquer en quoi My Chemical Romance était le meilleur groupe de l'histoire, à me demander pourquoi 80% des chansons de l'album American Idiot – qui se trouvait être notre album préféré, à Mello et moi – étaient tellement méconnues, etc. J'étais contente de voir que Mello et moi avions le même genre d'avis sur tout cela. Ça me faisait du bien de voir que je n'étais pas la seule personne à avoir ce genre de goûts.

    Non parce que le peu de personnes de mon âge que j'avais rencontrées avant Mello, Matt et les filles de la Wammy… Leurs idoles, c'était plutôt le genre Justin Bieber et autres merveilles du genre. Pas tout à fait mon style de musique.

    Bref. Suite à cela, Mello et moi finîmes par quitter ma chambre pour continuer un peu notre journée. Je vous le donne en mille : embrassades jusqu'à pas d'heure, dîner particulièrement romantique venant de la part de Mello, pour finir par un marathon de diverses séries et animes que nous appréciions particulièrement, bien que nous n'en profitâmes que d'un œil, étant tous deux bien trop occupés à nous embrasser. La soirée parfaite à nos yeux.

    Et puis après cela… Plus rien d'extraordinaire pendant une assez longue période. Vous devez commencer à me connaître : je peux m'étendre en longueur sur une très courte période, puis ensuite zapper des mois et des mois. Pas vraiment la meilleure chose à faire lorsqu'on est censée être narratrice d'une histoire, je m'en rends bien compte, mais que voulez-vous ? De toutes façons, vous, vous n'êtes peut-être là que pour l'affaire Kira, quand j'y pense. Du coup, il est clair que là, je ne vous donne pas réellement ce que vous voulez.

    Cependant, contrairement à l'impression que je vous ai certainement donnée jusque-là, Mello et moi n'avions jamais cessé de penser à Kira ne serais-ce qu'une seconde. En fait, les quelques anecdotes que je vous ai livrées jusqu'ici, eh bien, c'étaient les quelques rares moments où nous n'essayions pas de savoir qui il était ou de nous emparer des carnets de la mort, à l'époque. Je dois reconnaître que nous n'avions pas eu droit à beaucoup d'indices sur l'identité de Kira, mais en essayant de retracer ce que L avait réussi à découvrir, nous espérions avoir des indices. Des preuves. Des suspects potentiels. Pour l'instant, en dehors des Death Note, de l'ancienne piste de la société Yotsuba et des quelques rares informations que les médias avaient sorties, nous n'avions pas grand-chose.

    Ce qui aurait été bien, évidemment, ç'aurait été de savoir dans quel établissement L avait travaillé sur l'affaire Kira et d'essayer de hacker le système, mais les dossiers avaient certainement été détruits après sa mort. Il nous aurait fallu un hacker d'exception pour un tel travail. Et ni Mello, ni moi, n'étions aussi qualifiés sur ce côté-là. Mello était plutôt dans l'action, l'intellect et la stratégie, et moi, j'étais plutôt dans tout ce qui se liait à la sociabilité et au corps-à-corps. En fait, de tous les enfants de la Wammy's House, un seul aurait été capable de hacker un tel système. Matt.

    Même lorsque nous pensions ne pas avoir à penser à lui, Matt revenait encore et encore dans nos esprits. Vous n'imaginez même pas à quel point c'était insupportable, aussi bien pour Mello que pour moi. Rien que de ne pas savoir ce que Matt faisait me rendait malade.

    Mello essaya pendant des mois de se mettre au niveau de Matt pour ce qui était de l'informatique. Quand il se mettait une idée en tête, il se donnait corps et âme dedans. C'était une des choses que j'adorais chez lui. Cependant, il fallait reconnaître que c'était peine perdue. Nous n'avions pas les bases nécessaires pour réussir. Cela le mit hors de lui. Il fallait toujours qu'il se laisse emporter par ses émotions. Et puisqu'il n'arrivait pas à faire quelque chose qu'un autre était capable de faire… Eh bien, comme vous devez l'imaginer, son complexe d'infériorité de malade augmentait encore.

    Génial. Comme si Near ne suffisait pas, fallait aussi qu'il se sente minable face à Matt.

    Sérieusement, avec tout l'amour que j'éprouvais, et que j'éprouve encore pour Mello… Certaines fois, j'avais vraiment envie de le secouer et de lui faire réaliser qu'il n'avait pas besoin d'être le premier dans TOUS les domaines pour être celui qui arrêtera Kira. Mais bon, ça, c'était peine perdue. Mello voulait à tout prix être le premier. Coûte que coûte. Quoi qu'il arrive. Il aurait été prêt à tout pour ça. Quitte à se faire tuer, du moment qu'il était reconnu à la fin, il s'en fichait pas mal, apparemment.

    …Et vous savez quoi ? Ça me faisait craquer à l'époque, et ça me fait toujours craquer à l'instant où je rédige ces lignes. C'était le genre de comportement chez lui qui me donnait plus que tout l'envie de le protéger et de l'aider à obtenir ce qu'il voulait.

    De son côté, j'ignorais ce qu'il pensait de moi. Il ne ménageait pas les preuves de ses sentiments à mon égard, mais je ne pouvais m'empêcher de craindre qu'il ne se lasse de moi, ou qu'il ne me trouve par moments trop futile et dissipée. Les conseils de ma mère à ce sujet me revenaient à l'esprit, du coup je décidais d'être moi-même, bien que d'un autre côté, j'avais peur que « moi-même » ne soit pas ce dont Mello avait besoin. Puis au final, je me disais que je me posais trop de questions. Vous n'imaginez pas à quel point, des fois, je me trouvais stupide.

    Les jours passaient. Puis les semaines. Puis les mois. Et puis enfin, arriva le mois de juin. Le mois de mon anniversaire. Le mois qui allait fêter ma seizième année sur Terre, évidemment. Mais aussi et surtout, cela allait faire exactement un an que je connaissais Mello. 365 jours de vie hors-normes, qui peu à peu, avaient fait de moi une adulte.

    À peu de choses près.

    Bref.

    Nous étions donc le 4 juin. Je n'avais pas vraiment le cœur à fêter mon anniversaire, mais bon. Mello m'avait déclaré que j'avais assuré pour le sien, et que même si les fêtes, c'était pas réellement son truc, il rendait toujours les coups qu'on lui donne et ne supportait pas d'être redevable à quelqu'un. Du coup, je ne pouvais que m'attendre à du lourd. Surtout venant de Mello. Quand il s'y mettait, il ne faisait pas les choses à moitié.

    Je me réveillai assez tard, comme à mon habitude. Depuis mon enfance, j'étais du genre à ne pas me lever avant neuf ou dix heures du matin. Les gens autour de moi avaient différentes réactions vis-à-vis de ça, passant de « un peu paresseuse » à « j'ai jamais vu une telle idiote de ma vie ». C'est toujours agréable, merci les gars, j'adore.

    Après m'être habillée et coiffée, je pénétrai dans le salon, dans lequel Mello m'attendait en mangeant une tablette de chocolat, l'air décontracté. Je m'assis à côté de lui sur notre ~sublime~ canapé en cuir imprimé zèbre, une horreur que Mello avait sauvée de la décharge, et dont j'aimais bien me moquer, même si Mello considérait que ce canapé était une merveille. Ha. Ha ha ha. Le problème avec Mello, c'est que je n'arrivais jamais à déterminer s'il disait certaines choses pour plaisanter ou s'il était très sérieux. Et le connaissant, j'avais peur de lui poser la question.

    – Joyeux anniversaire, souffla-t-il d'un ton suave tout en m'embrassant sur la joue.

    Baiser qui, entre nous, avait le goût d'une délicieuse tarte au chocolat sur la joue. Nan mais je déconne pas, c'était très agréable.

    – Tu sais, on en a déjà parlé, tu n'es pas obligé de me le fêter, dis-je avec un petit sourire.

    – Ça me fait plaisir, tu sais. …Ah, au fait, tiens, prends ça.

    Il me tendit un paquet emballé dans un papier noir assez sobre, uniquement orné par le cœur rouge d'Undertale, ainsi que les petites cases « Fight », « Act », « Item » et « Mercy » du jeu. J'ignorais où il avait obtenu ce papier, mais déjà, rien que ce détail dessina un énorme sourire sur mon visage. En voyant ma réaction, Mello se rapprocha de moi tout en léchant son chocolat d'une manière… Bon, je suis désolée de ne pas vous épargner ce détail, mais d'une manière assez sensuelle, on ne peut pas le dire autrement.

    – L'année dernière, pour mon anniversaire, tu m'as donné ton « cœur », après tout. C'est tout ce que j'ai trouvé qui soit lié à Undertale et que tu n'avais pas déjà. …J'espère que l'intérieur te plaira autant que l'extérieur, « sweetheart ».

    – Sérieusement, Mello, t'aurais pu juste m'offrir le papier et j'aurais déjà été folle de joie ! Alors sérieusement, je vois pas comment je pourrais être encore plus--

    – Allez, vas-y, ouvre.

    J'obéis et commençai par ouvrir le premier paquet, le plus gros. Sa forme me rappelait vaguement quelque chose, mais j'avais du mal à identifier quoi, exactement. Je déballai lentement le papier et finis par en sortir…

    – OH PUTAIN ! MELLO, JE… ÇA A DU TE COÛTER UNE BLINDE… MERCI !

    En reconnaissant la boîte d'une Pullip Prunella, je manquai de fondre en larmes. Il était sérieux, là ? Ça me paraissait bien trop beau pour être vrai. Je regardai le côté de la boîte tout en détail, puis commençai à regarder la poupée au maquillage hypnotisant, incrédule. Lorsque j'eus enfin fini de la regarder inlassablement, je me tournai vers Mello et le remerciai de nouveau, manquant de lui sauter au cou.

    – J'avais remarqué que t'aimais bien ces machins. T'sais, elle était pas plus chère que la guitare ou le collier. Puis ça va, on a du fric, c'est pas une poupée à 200 euros à laquelle tu vas vouloir changer les yeux, les cheveux, le corps et les fringues qui va nous ruiner, rajouta-t-il avec un petit sourire en coin. Remercie le compte en banque attribué à tous les gosses de la Wammy's House.

    Je souris. Quelques minutes plus tard, la Pullip trônait magnifiquement sur ma table de chevet, et je tenais à la main le sac avec lequel elle était vendue. Mello me tendit alors un autre paquet, plus petit, de la taille d'un CD. Je m'empressai de l'ouvrir, et je poussai un petit hurlement en reconnaissant le logo. Fond noir, cœur rouge, n'ayant pourtant rien à avoir avec Undertale. American Idiot de Green Day. Notre album, à Mello et moi.

    – Merci, soufflai-je de nouveau. Tu… T'es le meilleur. Vraiment, merci mille fois.

    – Oh, arrête, c'est rien, ça. Je m'étais dit que ça te ferais plaisir, puisqu'on s'est connus là-dessus. …Ça a toujours été mon album préféré. J'étais content de voir qu'au final, j'étais pas le seul au monde. Surtout parce que c'est toi qui était fan.

    – Mello, arrête, ça me gêne, dis-je en rougissant.

    Je l'embrassai pour faire passer ça.

    – Bon, par contre, j'espère que t'attends pas de moi un gâteau, je sais à peine allumer un four--

    – Je m'en fous, de ça, tu sais. Juste être avec toi, ça me suffit amplement. Je t'aime, Mello…

    – Moi aussi je t'aime, Ed.

    Nouveau baiser de sa part. Il m'aurait renversé du chocolat sur le visage, la sensation après son baiser n'aurait pas été très différente. Tout se jouait dans la partie au cours de laquelle il m'embrassait, après tout. Et il le faisait divinement bien.

    Suite à cela, j'allumai ma radio après avoir inséré le CD dedans, et j'enclenchai le mode CD. Dès que les premiers accords de American Idiot jouèrent, j'eus un petit sourire nostalgique. Je regardai Mello avant de poser ma tête sur son épaule, laissant couler le CD tandis que nous nous remémorions tous les bons moments que nous avions vécus ensemble. Enfin, ça, c'était surtout moi. Je ne savais pas quel était le fond de ses pensées, et je préférais ne pas mentionner en sa présence la Wammy's House, de peur de faire une gaffe en mentionnant L, ou pire, Near. Ç'aurait tout gâché, et dans un tel moment, ç'aurait réellement été dommage.

    Je me contentai alors de repenser mentalement à tout ça, à moitié allongée sur Mello, tandis que celui-ci lapait sa tablette de chocolat d'un air pensif. Je me dis qu'il devait réfléchir à un plan d'attaque, ou quelque chose du genre. Je ne savais pas à quoi m'attendre venant de lui, mais je pouvais déjà imaginer que dans les jours qui viendraient, il y aurait un peu d'action. Cependant, je n'avais pas envie de penser à tout cela maintenant. Je voulais juste rester là, au calme, auprès de Mello. J'étais bien comme ça, et je ne voulais surtout pas que quiconque ne m'ôte de tels moments, même si je savais bien que tout cela ne durerait pas éternellement.

    Tandis que je pensais à tout cela, le CD avait bien été entamé sans que je m'en rende compte, et Letterbomb résonnait à fond dans le salon. Mello chantonnait le refrain d'un air absent.

    – Moi, à chaque fois que j'entends cette chanson, ça me rappelle la fois où on nous avait proposés de faire un jeu du loup-garou, à la Wammy, dis-je soudain. La fois où t'étais loup-garou blanc, et que t'avais essayé de tuer Near trois nuits de suite, mais qu'il se sauvait à chaque fois, ou que la sorcière le sauvait. J'me souviens qu'après la partie, t'avais fini en PLS à écouter cette chanson en boucle. M'enfin, c'est vrai, « It's not over until you're underground. » Mais putain, je rageais tellement pour toi, j'aurais vraiment voulu que tu gagnes.

    – Et au final, ce petit con Near m'a bien ridiculisé. Ce petit con… J'arrivais même pas à gagner face à lui à un putain de jeu ! Me reparle pas de cette journée de merde, chaque fois que j'y repense, j'ai envie de tuer des gens au hasard dans la rue. ARGH, ET PUIS SON PETIT AIR SUPÉRIEUR, PUTAIN JE LE HAIS !

    – Je connais ce sentiment, mon vieux. J'ai été à l'école, tu sais, et dès qu'une fille arrivait devant moi alors que je faisais des efforts… Je rêvais de lui distribuer des claques. Mais vraiment, je suis désolée, j'aurais mieux fait de rien dire, je…

    – …Arrête deux secondes avec ça. T'as pas à t'excuser.

    Pendant que le CD passait à Wake me up when september ends, Mello s'adoucit légèrement. J'étais de nouveau pensive, et je regardai Mello d'un coin de l’œil, hésitant à prendre la parole ou non.

    – Mello ? soufflai-je soudain. Il y a une question que j'ai toujours eu envie de te poser… Si tu n'as pas envie d'y répondre, évidemment, tu n'es pas obligé, mais j'aimerais le savoir. Ne le prends surtout pas contre toi--

    – Arrête de tourner autour du pot. Vas-y, envoie.

    – Je me demandais… Quelle était ta vie, avant d'entrer à la Wammy's House ? Comment ça c'est passé… Oh, non, oublie, c'était débile, et t'as sûrement pas envie d'en parler.

    – Si ça te passionne tellement… Après tout, toi, tu me racontes des anecdotes de ta vie en détail, du coup je suppose que je peux bien te parler de moi. Eh bien, en fait… Quand je suis arrivé à la Wammy's House, j'avais environs huit ans. Avant ça, je vivais encore avec mon père. Ma mère est morte quand j'étais encore un bébé, je ne l'ai pas connue, et lui, il ne m'en parlait jamais. À force, je l'ai chassée de mon esprit. Pour qu'elle ait traîné avec mon père, de toute façon, ce devait être une traînée, ou une fille désespérée. Et mon père… Il était obsédé par la perfection. Il avait échoué dans la vie. C'était une épave, du coup, il passait sa névrose sur moi. Il voulait que moi, son fils unique, je réussisse partout où lui, il avait échoué. Il voulait que je sois numéro 1 dans tous les domaines. Si bien que ça a complètement été ancré dans ma façon de penser. C'est probablement à cause de lui, que je veux tellement être le premier. C'est devenu une obsession pour moi, comme ça l'était pour lui.

    « Sauf que… On me foutait beaucoup trop de pression. Et malgré mes efforts, des fois, j'échouais. Et ça, mon père ne le supportait pas. Il pétait des câbles dès que ça arrivait. Et lorsqu'il apprenait que je me montrais parfois violent avec d'autres gosses, il enrageait encore plus… C'est assez ironique, non ? Si j'étais aussi violent, c'est parce qu'il l'était avec moi, après tout. Héhé… Il aurait peut-être du avoir un gosse comme « Saint » Near, plutôt que moi. Enfin bref. Un jour, j'en ai eu marre, et je me suis enfui. – Ouais, les fugues, c'est mon truc. – Je voulais plus jamais retourner chez moi. Et là, j'ai rencontré un homme de la Wammy's House, qui avait entendu parler de moi. Apparemment, ils avaient vu du potentiel chez moi, là où mon père n'avait vu qu'un nouvel échec. …Et une semaine plus tard, mon père est mort comme l'épave qu'il était, dans une flaque de vomi. J'ai pas pleuré. J'ai même pas été triste. Ensuite, je me suis cassé à la Wammy's House, et… Bah, au début, ça se passait bien. Puis le jour où Near est arrivé, le cauchemar a repris, mais c'était… différent. Je crois. J'en sais trop rien, et j'en ai rien à battre. …Enfin, voilà ma vie, en gros.

    Je l'avais écouta patiemment, sans rien dire. Seules mes expressions faciales changeaient, passant de l'intérêt à la compassion, à l'angoisse, à la rage, au dégoût pour finir par un peu plus de compassion. Lorsque Mello termina son récit, je le pris dans les bras. D'une voix tremblante, je m'excusai. Si j'avais su que son histoire était si dure… Je ne l'aurais sûrement jamais forcé à révéler cette partie de sa vie. En caressant son visage, je sentis que ses joues étaient humides. Je le serrai un peu plus fort dans mes bras, et m'excusai de nouveau.

    – C'est rien… Tu pouvais pas savoir… Tu sais, je suis même pas vraiment triste. C'est juste que… Que je me rends compte que ma vie a été un bordel sans fin depuis le début, en fait. Et je fous tout en l'air à chaque fois.

    – Dis pas ça… Ça va aller. Tout va bien se passer… Mello… On va s'en sortir. Tous les deux. On survivra. On arrêtera Kira. Et là… Je te promets que tout va s'arranger.

    – Kira. (Il eut un petit rire.) Avec tout ça, je l'avais presque oublié, cet enculé. T'as raison. On lui fera sa fête. Mais on ne fera pas que l'arrêter. Le jour où on l'aura entre nos mains, on le tuera. On le tuera de sang froid, comme il l'a tué.

    J'acquiesçai en silence. Je n'aimais pas trop formuler cette idée à voix haute, mais moi aussi, j'avais réellement envie de tuer Kira et de lui faire payer pour ses actions. Le meurtre de L me traînait encore en travers de la gorge, et je ne pourrais digérer le morceau que le jour où son meurtrier serait six pieds sous terre. Et, tout comme Mello, je voulais être celle qui lui porterait le coup de grâce. Nous rêvions tous de cette fin où Kira était enfin vaincu. Au cœur des ténèbres, nous nous révoltions contre le monde créé par Kira, et nous étions prêts à tout mettre en œuvre pour le vaincre. Jamais personne ne se mettrait en travers de notre chemin. C'était un serment que nous avions fait, et que nous étions prêts à tenir. Rien ni personne ne pourrait nous stopper.

    Le reste de la journée fut dieu merci plus calme. Après nous être calmés, nous allumâmes un ordinateur portable et lançâmes un film au hasard, que de toute manière, nous ne regardâmes pas. À la fin de la journée, après m'avoir de nouveau souhaité un joyeux anniversaire, Mello repartit dans sa chambre et moi dans la mienne. Cette journée se finit pour moi sur un sentiment doux-amer auquel j'aurais probablement du m'attendre.

    « Mais qu'est-ce qui m'a prit de lui demander comment il vivait avant la Wammy… ? Je suis vraiment trop bête. Est-ce qu'il me pose ce genre de questions, lui ? »

    Cependant, Mello ne fit jamais référence à mon « indiscrétion » vis-à-vis de lui. Même si à première vue il ne m'en voulait pas, moi, je m'en voulais à mort de lui avoir fait se rappeler tous ces mauvais souvenirs, qu'il aurait probablement préféré effacer à tout jamais de sa mémoire.

    Néanmoins… Maintenant, j'en savais un peu plus sur lui. Enfin, en tous cas, je savais d'où lui venait son besoin obsessionnel d'être numéro 1. Lorsque je repensai à tout cela dans mon lit, le soir-même, je compris d'autant plus ses ressentiments face à Near.

    Mello…

    Plus j'en apprenais sur lui, plus je voulais en savoir. Mello était une énigme attrayante, complexe, mais dont je commençais à comprendre le fonctionnement, même si la plupart du temps, j'avoue qu'il ne m'y aidait pas beaucoup. Mais j'étais déterminée à rassembler dans le bon sens toutes les pièces du puzzle « Mello », tout comme j'étais déterminée à l'aider à arrêter et tuer Kira.

    D'autres jours, puis semaines, puis mois s'écoulèrent. Au cours de celles-ci, rien de décisif. D'ailleurs, je pense pouvoir sans peine faire un saut de quelques années, vous comprendrez l'histoire de toute manière, j'en suis certaine. Ça vous va ? Très bien. Faisons donc un saut dans le temps, et arrivons donc au jour du 5 novembre 2020. Jour qui marqua la troisième année depuis la mort de L. La troisième année depuis notre départ de la Wammy's House. Cependant, cette année fut un peu particulière. Pour la simple et bonne raison qu'au lieu de nous ramener uniquement des mauvais souvenirs comme les trois années précédentes, nous retrouvâmes enfin en ce jour un de nos vieux amis.


  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Janvier 2018 à 16:49

    "– Moi, à chaque fois que j'entends cette chanson, ça me rappelle la fois où on nous avait proposés de faire un jeu du loup-garou, à la Wammy, dis-je soudain. La fois où t'étais loup-garou blanc, et que t'avais essayé de tuer Near trois nuits de suite, mais qu'il se sauvait à chaque fois, ou que la sorcière le sauvait. J'me souviens qu'après la partie, t'avais fini en PLS à écouter cette chanson en boucle. M'enfin, c'est vrai, « It's not over until you're underground. » Mais putain, je rageais tellement pour toi, j'aurais vraiment voulu que tu gagnes."

    Cette partie de merde. Et moi qui essayait de te faire gagner par tous les moyens comme une conne. //pan//

    Sinon, ct bi1, comme d'habitude, et OUI MATT RAMÈNE TON CUL.

    //pan//

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:50

        Ah putain cette partie xD M'enfin maintenant je la prends à la rigolade, au moins. /poutre/

        mairsi, OUAIS. RAMÈNE TON CUL DE FUMEUR DROGUÉ QUI DIT DE LA MERDE, CHÉRI--/pan/

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:54

        Ouais. Vaut mieux. mais c'est bien rageant cette partie quand même.

        //PAN//

        CE SERA BIEN !

        //PAN//

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:54

        C'est sûr.

        /pan/

        OUAIIIIS ! /poutre/

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:55

        ET BAISE MISA.

        //pan//

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:56

        ÉVIDEMMENT /pan/

        ET ENSUITE

        CHRIS RAMÈNE AUSSI SON CUL DE CONNARD BOURRÉ

        QUI FANTASME SUR UNE PUTE RUSSE PARCE QUE POURQUOI PAS

        //PAN//

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:57

        OH OUI, JE LES ATTEND LES BLAGUES SUR LES PUTES RUSSES~

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:58

        ET LES COMPARAISONS AVEC IRINA ET AUTRES--/pan/

      • Samedi 6 Janvier 2018 à 16:58

        OOH OUI~

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