• XIV.

    Références très subtiles à Star Wars en boucle dans ce chapitre, parce que... Bah c'est bien, Star Wars. /poutre/


    26 janvier. Ç'aurait pu être une journée tout ce qu'il y a de plus normal, où j'aurais, comme d'habitude, veillé sur Kiyomi Takada tout en me retenant de l'étrangler. Enfin, ç'aurait pu, si la veille, Chris n'avait pas téléphoné à Mello pour lui faire part d'un plan auquel je ne prêtai aucune attention. Tout ce que Mello m'avait dit, c'était que Near et L-Kira allaient se rencontrer dans la journée du 28 janvier. Jusqu'ici, tout allait bien. Mais évidemment, il fallait que Mello décide de se prêter à tout ça. Et pas juste de débouler à la Yellow Box, qui aurait pourtant été facile à faire localiser par Matt. En parlant de celui-là, je me demandais bien ce qu'il devenait. Apparemment, il était resté avec Misa et Mogi dans l'appartement où Near les avait envoyés, alors qu'au vu de sa condition, il aurait très bien pu se tirer n'importe quand. J'avais l'impression que quelque chose clochait dans cette histoire, mais chaque fois que je lui téléphonais pour lui demander de rentrer, il refusait calmement, mais fermement. C'est toujours agréable.

    Enfin bref. En tous cas, Mello n'avait apparemment pas l'intention de faire dans la demi-mesure. Pendant de longues minutes, il resta silencieux, comme s'il considérait toutes nos options. Puis finalement, il ouvrit la bouche d'un ton sombre.

    – Demain… Le 26 janvier… Tu pourras faire tes adieux à Takada.

    – Sérieux ? Je commençais à plus y croire. Mais pourquoi tu me dis ça, au fait ? Et pourquoi le 26 ? C'est le 28 que Kira sera arrêté, je te rappelle…

    – Eden, tu ne trouves pas que notre dernier kidnapping remonte à il y a longtemps ? Appelle Matt. Je me fiche de savoir où il est et ce qu'il fait, il doit être ici demain à la première heure. On ne pourra pas gérer sans lui.

    Je composai le numéro de Matt en me mordant les lèvres. Cette histoire était en train de prendre un drôle de tournant, et je n'étais pas sûre que ça me plaise vraiment. Kidnapper le préfet de la police japonaise ou la fille du sous-directeur, c'était une chose, mais Takada ? J'étais son garde du corps depuis plus d'un mois, j'étais la mieux placée pour dire qu'elle était plus protégée que n'importe qui ! Son nombre de garde du corps était astronomique, c'en était presque ridicule pour une seule femme ! Nous n'avions aucune chance. Et puis cette fille était le porte-parole de Kira. Elle le rencontrait. Qu'est-ce qui nous assurait qu'elle n'était pas en possession d'une page du carnet de la mort ? Pour cacher depuis des mois un bout de page dans mon soutif à l'insu de tout le monde, j'étais bien placée pour me méfier. Alors certes, mon nom et celui de Matt étaient inconnus, mais L-Kira connaissait le vrai nom de Mello, et il avait certainement mit Takada au courant de cette information. Si elle voyait son visage, Mello mourrait. Je lui fis part de tout cela en attendant que Matt ne réponde. Mello m'assura qu'il trouverait un moyen, mais il n'empêche que lui aussi commençait à s'inquiéter quant au tournant de toute cette affaire.

    Matt finit par décrocher, et me demanda si je ne pouvais pas trouver un meilleur moment pour lui parler. Je lui coupai la parole et le mis au courant de ce que Mello m'avait dit.

    – Et merde… Bon, je vais pas me dérober, j'arrive tout de suite… J'suis vraiment dans la merde.

    – Matt, qu'est-ce qu'il y a, à la fin ?

    – …Autant que je t'en parles ici, comme ça toi et Mello ne pourrez pas me tuer. Eh bien en fait, pendant tout le temps où j'étais avec Misa, j'étais… Genre… Avec elle. Et tu sais, quand deux personnes sont ensembles pendant un certain temps, eh bien…

    – Viens-en au fait, je t'en supplie !

    – Elle a commencé à se rapprocher de moi, alors je lui ai révélé mes sentiments, on s'est embrassés, on sort peu ou prou ensemble et – me tue pas je t'en supplie – on a couché ensemble le soir du Nouvel An… Sauf que c'était ma première fois et apparemment, elle aussi, parce que tu vois, Light Yagami, c'est pas vraiment ça, si tu vois ce que je veux dire… ENFIN BREF, J'AI OUBLIÉ DE METTRE UN PRÉSERVATIF ET LÀ JE CROIS QU'ELLE EST ENCEINTE, ET JE SUIS FORCÉMENT LE PÈRE !

    Je restai silencieuse pendant un bon bout de temps, coincée entre le choc et le fait de chercher mes mots pour éviter de lui crier dessus, voire de le tuer à distance avec mon bout de Death Note. Est-ce qu'il était sérieux, là ? Il n'avait pas pu inventer une telle histoire, c'était impossible… Oh putain mais je rêve ! Je ne savais même pas si je devais le féliciter parce qu'il allait être père ou si je devais lui faire la morale parce qu'il se comportait comme un parfait irresponsable depuis le début de cette histoire avec Misa. Et évidemment, c'est à moi que revenait la fabuleuse tâche de prévenir Mello quant à la mauvaise passe dans laquelle Matt avait réussi à se fourrer…

    – MAIS PUTAIN IL EST SÉRIEUX ? MAIS QUEL CON ! PUTAIN IL A INTÉRÊT À PRENDRE SON TEMPS POUR RENTRER PARCE QUE S'IL DÉBARQUE TOUT DE SUITE, JE TE JURE QUE JE VAIS LE TUER ET QUE J'AURAIS AUCUN REMORDS S'IL MEURT DEMAIN ! Ah nan mais ce con, je rêve ! Et évidemment, si elle est bien enceinte, elle va jamais vouloir se faire avorter, j'imagine ! Donc ça veut dire que si Matt meurt, j'aurais ça sur la conscience et… Mais quel abruti ! On est déjà dans la merde jusqu'au cou, mais en plus il faut qu'il nous rajoute ce boulet… Merde !

    – Mello, je peux t'aider… ?

    – Apporte-moi du chocolat, je vais avoir besoin de me calmer. Je vais le tuer ce petit enculé

    Il alluma alors une des consoles de Matt, et jusqu'à l'arrivée de celui-ci, il s'amusa à rouler sur des passants dans GTA pour se passer les nerfs. Puis vint le moment où Matt arriva enfin.

    – Avant que vous ne me tiriez dessus avec tout ce que vous avez, je veux que vous sachiez que je suis désolé, lança-t-il en levant les bras en l'air comme s'il venait de se faire arrêter par la police. J'aurais dû faire plus attention, c'est entièrement de ma faute… Mais si elle est effectivement enceinte, je suis sûr à 100 % qu'elle voudra garder le bébé. Et si elle le fait, il est de mon devoir de l'aider. Je suis le père, je peux pas me permettre de la laisser tomber. Je me rends compte de la situation de merde dans laquelle je suis en train de nous fourrer, mais je ne pourrais jamais lui demander de se faire avorter ou de l'abandonner, ce serait inhumain. On est tous les deux majeurs et responsables, on pourra gérer ça.

    – J'en doute pas une seconde, répondit Mello en posant sa manette. Écoute, quand tu nous a eus au téléphone, on était sous le choc. Mais j'ai réfléchi et… Si vous êtes heureux tous les deux et si vous voulez garder le morveux, je m'y opposerai pas. Mais si c'est ça, je veux que tu retournes la voir tout de suite, je trouverai un autre plan pour…

    – Mello, déconne pas. Je veux vous aider. Je veux capturer Kira, moi aussi. Et si pour ça on doit kidnapper cette fille, même si on risque nos vies en le faisant, je m'en fous, je le ferai.

    – Matt, comme tu le dis, tu vas risquer ta vie, fis-je remarquer. Si tu te fais abattre, ce qui a des chances d'arriver… Non seulement tu mourras, non seulement on perdra notre meilleur soutien et ami, mais en plus, ça explosera complètement la vie de Misa et du petit. On peut pas accepter que tu prennes le moindre risque dans ta situation…

    – C'est pas parce que la situation est dangereuse que je vais forcément mourir. Je suis capable de m'en tirer… Même si je me retrouve dans une situation qui paraît sans issue, je trouverai un moyen. Puis bon, les Japonais n'ont pas le droit d'avoir de trop gros flingues, je crois ? J'me fous un gilet pare-balles sous ma veste et je suis tiré d'affaire si jamais je me retrouve encerclé. Allez, faites moi confiance. Je peux le faire.

    Je jetai un regard vers Mello, qui semblait chercher ses mots. Comme d'habitude, Matt était déterminé à nous suivre, nous ne pouvions pas nous permettre de refuser son aide, dont de plus, nous avions bien besoin. Nous acceptâmes alors, avec toujours une pointe de crainte dans la voix. Puis, Mello se mit à élaborer un plan flexible selon la tournure des événements pour chacun de nous. Avec ça, je voyais mal comment les choses pouvaient mal tourner, mais je savais pertinemment que Mello n'était pas vraiment du genre à réussir à suivre un plan à la lettre. Enfin, on verra bien.

    Cette nuit-là, je ne dormis pas, à l'instar de Mello. Pourtant, nous aurions bien eu besoin de nous reposer un peu avant la journée de demain, mais c'était inutile. Nous étions envahis par le stress, et rien n'aurait vraiment pu nous relaxer. Alors, pendant toute la nuit, Mello se contenta de me prendre dans ses bras et de m'embrasser comme s'il partait à la guerre le lendemain. « On n'est pas obligés de le faire, tu sais… » Chaque fois que je disais ça, son emprise sur moi se resserrait un peu plus. Bien sûr que si, il se sentait obligé. Si seulement j'avais pu comprendre jusqu'où il voulait aller en faisant ça… Qu'est-ce que Chris avait pu lui raconter pour qu'il se foute cette idée en tête, à la fin ?

    Au bout d'un moment, puisque nous ne dormions décidément pas, Matt entra dans notre chambre et nous nous mîmes à discuter un peu, et accessoirement, à penser à autre chose ne serais-ce qu'une heure ou deux. Matt nous raconta alors quelques anecdotes qui lui étaient arrivés lorsqu'il était avec Misa. Apparemment, entre deux karaokés de ABBA, parce que sans surprise, Misa aussi était fan, celle-ci lui avait montré la plupart de ses tatouages, des merveilles gothiques qui me firent pâlir de jalousie rien que d'y penser. Matt nous balança alors froidement qu'il lui avait lui-même fait un petit tatouage, comme ça, pour lui faire plaisir.

    – T'es sérieux ? Tu sais faire des tatouages ?

    – Où tu crois que je l'avais eue, ma merveille avec Magicarpe et le dragon de Game of Thrones, hein ? Bon OK, c'est un des gars de la mafia qui m'avait trouvé une adresse pour la couleur, mais les lignes, c'était moi à 100 %. Et encore, j'ai fini la couleur du Magicarpe parce que le gars voulait pas me tatouer ça. Un tatoueur qui aime pas tatouer. Logique.

    – Tu me l'avais pas dit, ça ! T'abuses ! Si j'avais su, je t'aurais bien demandé…

    – Bah tu sais, c'est pas trop tard, j'ai toujours mon matériel sur moi, juste au cas où.

    – Maintenant, à deux heures du matin, alors qu'on n'arrive même pas à fermer l’œil ? lançai-je, incrédule devant la bonne humeur de Matt.

    – Écoute. On sera peut-être tous morts dans quelques heures alors c'est le moment ou jamais… Je déconne, hein, mais c'est juste que si vous voulez, bah je sais m'y prendre.

    – Moi ça me va, déclara Mello. Depuis le temps que j'ai envie de m'en faire un…

    – Bon alors tu m'en feras aussi un, finis-je par décider.

    Après une petite hésitation, Mello et moi nous décidâmes pour un petit tatouage en duo, le genre de truc discret qu'un couple fait sans trop de craintes. Notre choix s'arrêta sur un tatouage sur nos index, représentant pour Mello le K et le cœur d'un roi de cœur classique, et la même chose pour moi avec un Q pour la dame. Simple, mais efficace. Matt eut vite fait de nous faire ça. Et puisque j'étais partie sur une lancée et qu'au point où j'en étais, je ne ressentais presque pas la douleur procurée par le tatouage, je lui demandai aussi de me tatouer le nom de Mello près de la poitrine, de la plus belle manière possible. Ça, c'est fait…

    Le matin même, nous étions déjà prêts. En gros, le plan, c'était que Matt allait faire diversion en balançant quelques bombes de fumée là où Takada devait faire son entrée ce matin, puis il prendrait la fuite. Dans la cohue, Mello débarquerait en moto et dirait à Takada qu'elle n'était plus en lieu sûr et qu'il la conduirait à un endroit plus tranquille. En temps que garde du corps de Kiyomi Takada, il était de mon devoir de lui dire de partir avec cet inconnu louche, évidemment. Puis Mello n'aurait plus qu'à la menotter et à l'enfermer je ne sais où, pendant que j'irais récupérer Matt. Après… Je sais pas. J'avais cependant bien dit à Mello de faire attention et de surtout, de lui demander de se déshabiller, et de bien la surveiller au moment où elle enlèverait sa lingerie, parce que si elle gardait un morceau de Death Note, ce serait forcément dans son soutient-gorge ou sa culotte, selon son degré de pouffe. Évidemment, il est inutile de préciser que lorsque j'avais commencé à parler de lingerie, Mello s'était un peu gêné.

    – Allez, c'est bon, ça me gêne pas que tu vois cette fille à poil. Tout ce qui compte c'est que tu l'obliges à enlever absolument tout devant toi, sinon… Enfin je sais pas, peut-être que t'as envie de mourir, mais moi il n'est même pas question que je te perde !

    – D'accord, d'accord…

    – Et tu me diras aussi sa taille de bonnet, et quel est son chirurgien, que je n'y aille jamais !

    – Eden…

    – Bah quoi ? Ils tombent ! C'est moche ! J'accorde une chose à cette fille, c'est qu'elle est le meilleur argument contre la chirurgie esthétique… OK, j'arrête. Mais surtout Mello, je t'en supplie, sois prudent… Je refuse qu'il t'arrive le moindre mal.

    – T'en fais pas, tout va bien se passer. J'en suis sûr. Je te l'ai déjà dit, c'est pas cette pute qui va réussir à m'abattre. On va se débarrasser d'elle, et on va tous s'en tirer. Je te le promets. Je t'appellerai de temps en temps pour te dire comment les choses avancent, alors reste prête… En attendant, fais attention à Matt. J'ai pas envie qu'il prenne trop de risques juste par naïveté.

    – Ouais, je comprends. T'inquiète, je le surveillerai.

    Il m'embrassa une dernière fois avant d'enfourcher sa moto. Je me rendis alors aux studios de NHN pour tout mettre en place. Pendant mon petit trajet en voiture avec Takada, mes yeux étaient rivés sur ma montre. J'avais hâte qu'elle sorte enfin. J'avais hâte que Matt arrive. J'avais hâte que Mello me débarrasse d'elle. J'avais hâte d'en finir. Enfin, la voiture se gara. Je sortis la première et l'aidai à se lever. Takada fit quelques pas sous les yeux admiratifs de ses adorateurs, qui portaient carrément des pancartes et tout le reste pour crier leur amour pour elle. Qu'un terroriste arrive et les bute tous, je vous en prie !

    Enfin, je vis la voiture de Matt arriver près de nous. Quelques secondes plus tard, il fit un sublime dérapage, ouvrit la fenêtre de sa voiture et tira quelques bombes du fumée avant de démarrer au quart de tour. Certains gardes du corps de Takada et autres policiers se mirent aussitôt à sa poursuite. Moi, je me contentai de prendre Takada sous ma « défense » jusqu'au moment où Mello se pointa devant moi.

    – Mademoiselle Takada, vous n'êtes plus en sécurité, maintenant ! Je vais vous conduire en lieu sûr. Allez, on n'a pas de temps à perdre !

    Je fis signe à Takada de s'installer derrière lui. Mello me lança un petit regard en coin. « Bonne chance. » Et il démarra aussi vite que possible. Je restai sur place pendant quelques instants. Lorsque la fumée se dissipa, quelqu'un se tenait juste à côté de moi. Je pensai d'abord à un autre garde du corps, mais très vite, je reconnus le costume pastel et les cheveux gominés de Chris.

    – Eh bah dis-donc, t'es pas une très bonne garde du corps, toi ! lança-t-il avec un grand sourire. On te demande juste de surveiller une fille et tu l'envoies avec ton petit Méli-Mello ? J'étais sûr qu'il avait un plan, mais j'aurais jamais cru que ce serait ça !

    – Chris, ta gueule, imagine que quelqu'un nous entende !

    – Roh, ça va, personne ne prête attention à nous ! Bon allez, sérieusement. Qu'est-ce que t'as l'intention de faire, maintenant ? T'as toujours ta page de Death Note ? Allez, dis-moi que tu vas la buter, j'ai jamais pu la blairer !

    – Pas tant que Mello ne m'en donnera pas l'ordre, répondis-je simplement. Là pour l'instant je veux aller chercher Matt avant que les policiers ne le tuent. C'est des malades et des adeptes de Kira, alors ils n'hésiteront certainement pas, et j'ai pas envie que ça arrive…

    – Je comprends, moi non plus j'ai pas très envie qu'il lui arrive quelque chose, il est super sympa, ce p'tit gars ! …Bon, sérieusement, t'as un plan ?

    Je dus admettre que je n'avais absolument aucun plan. Chris eut un petit sourire et déclara que lui, il avait bien une idée. Il suggéra alors de se déguiser en policiers et de donner l'ordre de ne pas tirer, ce genre de truc. Bah bien sûr ! Je lui répondis aussitôt que je n'y croyais pas vraiment, mais lorsqu'il me rappela que tant que Kiyomi était en vie, on pouvait toujours faire le coup du « ce petit con sait forcément où elle est, on peut l'interroger », et qu'il me rappela que ma fausse identité avait travaillé à la CIA, organisation dans laquelle on n'a pas peur d'utiliser la torture pour arriver à avoir des informations, je dus reconnaître que ça pouvait marcher.

    – Mais à ce moment-là, y'a que toi qui te déguise, moi je reste comme ça, non ?

    – Si, dut reconnaître Chris d'un ton un peu déçu. Mais c'est dommage, j'avais une tenue de policière qui aurait probablement pas été à ta taille mais putain…

    Il me montra alors une photo d'une tenue noire composée d'un blouson en cuir noir tout ce qu'il y a de plus basique, agrémenté d'une jupe à volants et dentelles noire, de cuissardes et d'un porte-jarretelles en résille. « T'es sérieux, là ? » Chris émit un petit rire nerveux et répondit rapidement que c'était juste une blague… Bah oui, j'espère bien !

    – Bon écoute, en soi c'était peut-être très drôle, mais j'ai pas que ça à faire alors tu te changes et on y va.

    Chris obéit aussitôt. Il enfila une veste de policier qu'il avait volée je ne sais où et nous partîmes en suivant les voitures de police qui traquaient Matt à toute vitesse. Pourvu qu'on arrive pas trop tard

    Nous nous retrouvâmes finalement un peu mêlés à la foule de policiers, qui s'étaient placés de manière à ce que Matt n'ait aucune issue. Celui-ci, justement, arrêta sa voiture dans un dérapage en voyant qu'il était encerclé. Il resta quelques secondes immobile dans sa voiture, et je remarquai qu'il me cherchait des yeux. Dès qu'il m'eut repérée, je lui lançai un petit regard essayant de ne pas laisser transparaître ma crainte, il alluma une cigarette et se leva, les mains en l'air, jetant son flingue au loin. Dans une situation normale, je me serais dit que du moment qu'il se rendait, je n'avais pas à m'en faire, qu'ils ne lui tireraient pas dessus. Mais on parlait de fanatiques de Kira. De fanatiques d'un homme qui était prêt à tuer des gens sans même se dire à un moment où un autre qu'il en était un, lui aussi, et sans jamais se remettre en question quant à la soi-disant « Justice » dans ses actes. Alors je ne pouvais pas être rassurée pour un sou.

    – Hé, on se calme, ça va ! lança Matt d'un ton assez détendu par rapport à la situation. Depuis quand les Japonais ont le droit de porter d'aussi gros flingues ? OK, je suis lié à l'enlèvement de Mlle Takada, vous devez avoir plein de questions à me poser… Vous n'allez quand-même pas tirer ?

    Un premier coup de feu retentit. Matt l'évita de justesse. Je poussai alors un hurlement de dernier recours. Quelques coups de plus et il se ferait forcément toucher. Et je ne pouvais pas accepter ça.

    – ATTENDEZ, NE TIREZ PAS ! criai-je d'une voix que j'aurais souhaitée moins craintive et brisée.

    Les tirs s'arrêtèrent aussitôt, et les regards des policiers se tournèrent aussitôt vers moi. Transpirante de sueur, à moitié essoufflée, je sortis la carte que Gevanni m'avait préparée lorsque j'avais décidé de rejoindre la garde rapprochée de Takada.

    – Agent Emilia Engelward, ancien membre de la CIA et garde du corps de Mlle Takada. En temps que telle, il est de mon devoir de vous rappeler à l'ordre, messieurs. (Après une courte hésitation, je fis quelques pas déterminés vers Matt, serrant dans la main gauche une paire de menottes que Chris m'avait tendues en douce.) Certes, cet homme a participé à l'enlèvement de Mlle Takada. Certes, il mérite cette sentence. Cependant, ne savez-vous pas, messieurs, que notre Seigneur Kira a toujours épargné les personnes qui se rendent ? Nous allons le laisser en vie, l'embarquer, et l'interroger. Ce jeune homme sait forcément où son complice a emmené Mlle Takada, et pour l'instant, notre but est de la retrouver saine et sauve, nous ne devons penser qu'à ça. En temps que membre de la CIA, je saurai le faire parler. Une fois ceci fait, ou bien s'il s'obstine dans le silence, nous pourrons le tuer. Qu'en dites-vous ?

    Les autres me regardèrent intensément, puis finirent par baisser leurs armes tandis que je passai les menottes autour des poignets de Matt. Tant que les autres ne faisaient pas attention à nous, celui-ci me lança un regard plein de reconnaissance, auquel je répondis par un petit sourire. Nous fûmes alors embarqués dans une voiture conduite par Chris, qui portait toujours son casque de policier, juste pour faire classe, j'imagine. Par contre, Matt ne l'avait visiblement pas reconnu à travers le casque.

    – Alors, euh, comment on fait ? demanda Matt. Je parle, vous parlez, elle parle, qui commence ? Non et puis vous, avec votre casque ça va être dur de comprendre ce que vous… Chris ?

    – Bah quoi ? lança celui-ci en retirant son casque. Tu croyais que Eden allait gérer ça toute seule ? Et puis vraiment comment tu fais pour être aussi cool en étant encerclé par la police ! Même moi quand je suis complètement défoncé, j'aurais flippé à ta place ! Que tu te prennes pour Poe Dameron, OK, mais moi je suis pas Kylo Ren, hein !

    Matt soupira et s'affala sur la banquette arrière de la voiture. Je me tournai alors vers Chris pour lui demander comment on allait s'en tirer, maintenant que les flics nous avaient à l’œil.

    – On va au poste, on libère Matt, on se casse par la gouttière et tu contactes ton petit Méli-Mello pour savoir où il en est de son côté. Ceci fait, on va le chercher, on bute la fille si c'est pas déjà fait et tout le monde vivra heureux, heureux comme c'est pas possible.

    – J'aime bien ce plan, répondit Matt. Si ça se passe comme prévu, je l'aime bien.

    Je croisai les doigts pour que tout se passe comme l'espérait Chris. Celui-ci se gara devant le poste de police et je fis sortir Matt de la voiture en le tenant par les menottes, essayant de me souvenir comment ils le font dans les séries policières. Je choisis ensuite un bureau au hasard. Quelques policiers se proposèrent de m'accompagner, mais je refusai, avec comme argument qu'ils n'avaient pas forcément envie de se retrouver liés à une scène de torture. Sans surprise, il détalèrent tous. Pendant ce temps, Chris cherchait des yeux s'il y avait des caméras dans la pièce, puis trouva une fenêtre par laquelle nous pourrions sortir sans nous faire repérer.

    – Putain, ce qu'il faut pas faire ! lançai-je lorsque Chris m'assura qu'il n'y avait pas de caméras ni de micros. Franchement, Matt, tu me dois beaucoup.

    – Je dis pas le contraire, soupira Matt. Bon, qu'est-ce qu'on fait ? On se casse ?

    – D'abord, je t'enlève ces menottes. Et ensuite, ouais, on se casse, répondis-je.

    J'attrapai alors une clé et libérai Matt de ses menottes. Chris ouvrit la fenêtre, prêt à sauter. Mais au même moment, la porte s'ouvrit violemment. Je reconnus alors dans l'encadrement de la porte une autre garde du corps de Kiyomi Takada. Le regard de cette garde du corps se promena pendant quelques longues secondes entre Chris, prêt à partir par la fenêtre, Matt, libéré de ses menottes et moi, qui tenais lesdites menottes dans les mains, avant qu'elle ne saisisse son flingue et ne se mette à crier.

    – Traîtres ! Vous êtes en train de libérer l'ennemi ! Vous avez fait faux bond à notre Seigneur Kira ! Sans surprise… Depuis le début, Engelward, je n'ai jamais pu vous sentir, eh bien j'avais raison ! Vous n'êtes qu'un bug dans le système !

    Ah ouais ? C'est bizarre, ça me rappelle quelque chose, ça. Je me saisis aussitôt d'un couteau que je cachais dans une de mes poches juste au cas où et le pointai devant l'autre garde du corps d'un air déterminé.

    – Si vous le dites, dis-je. Je suis un bug. Je suis le bug qui fera exploser l'ordre diabolique de Kira.

    Elle tira un premier coup, que j'évitai sans le moindre problème. Je poussai Matt à terre pour lui éviter de recevoir un coup, et Chris se mit à couvert. La garde tira un ou deux autres coups que je n'eus pas trop de peine à dévier, mais je savais que ça ne durerait pas longtemps. Le bruit avait forcément alerté les autres. Nous devions partir aussi vite que possible. Je pris une courte respiration.

    Je n'ai pas à l'affronter.

    Je dois juste la tuer.

    Alors j'avançai calmement vers elle avec mon couteau, un petit sourire aux lèvres. Mon geste semblait tellement la déstabiliser qu'elle faillit lâcher son arme à deux reprises. Je continuais de m'approcher, et elle n'arrivait toujours pas à tirer. Son regard était bloqué sur mon couteau. Et c'est à ce moment-là, alors que j'étais à peine à un bras d'elle, que je lâchai mon couteau. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce que je faisais que j'attrapai mon flingue et lui tirai une balle dans la jambe. Je n'aurais pas voulu en arriver là, mais si je ne le faisais pas… C'est Matt, Chris et moi, sans oublier Mello, qui y passions. Pour survivre, j'étais capable d'en arriver à des mesures drastiques.

    La garde du corps me regarda intensément dans les yeux, et je crus pendant un moment qu'elle allait me cracher au visage. Elle concentra ses dernières forces pour me regarder d'un air assassin.

    Vermine.

    – Vermine rebelle, répondis-je en haussant les épaules.

    La garde du corps rendit alors son dernier soupir. Au même moment, des bruits de pas précipités se firent entendre, probablement alertés par les coups de feu et hurlements de la garde du corps. Je me précipitai vers la fenêtre, prête à sauter, Matt et Chris à ma suite. Pendant une demi-seconde, j'évaluai la distance et fus prise d'un terrible vertige. Je fermai les yeux et tentai de me ressaisir. De toute façon, je n'avais pas le choix. Je devais sauter. Dans le pire des cas, qu'est-ce qu'il m'arriverait ? Je m'écorcherais un genou ? Ça m'était déjà arrivé des centaines de fois. Je pouvais le faire. Et puis soudain, un nouveau coup de feu suivi d'un hurlement me ramena à la réalité. Tout en craignant ce que j'allais découvrir, je me retournai et rouvris les yeux.

    La balle avait touché Chris à l'épaule, et celui-ci tentait douloureusement de tenir son bras sanglant, tandis que les policiers nous ordonnaient de nous arrêter. Matt me fit un regard qui m'assura qu'il couvrirait Chris, et la seconde d'après, je passai par la fenêtre et fis le grand saut. Je préférais encore mal tomber et me blesser que d'être exécutée par une foule de fanatiques de Kira. Matt aida comme il pouvait Chris à descendre, et dès qu'ils furent à terre avec moi, je leur demandai ce qu'on pouvait faire pour partir.

    – Chris, tu vas bien ? m'enquis-je en me précipitant vers lui.

    – C-ça va, j'ai vécu pire que ça, lança Chris avec un petit gémissement. C'est pas le moment de penser à ça… Putain ! On doit voler une bagnole, sinon on va pas réussir à s'en tirer…

    – Tu peux pas conduire dans cet état, soufflai-je. Matt, tu penses que tu pourrais…

    Il acquiesça et chercha des yeux une voiture qui pourrait convenir parmi celles qui avaient été réquisitionnées. Je lui tendis les clés de sa voiture, qui par chance, se trouvait dans le garage avec les autres véhicules. Matt eut un petit sourire, rassuré de pouvoir récupérer sa propre voiture plutôt que celle de quelqu'un d'autre. J'allongeai Chris à l'arrière et retirai ma veste pour essayer de calmer l'hémorragie, avant de me rendre compte que la balle était toujours incrustée dans son épaule. Merde, merde, merde ! Pendant ce temps, Matt démarra au quart de tour, priant pour que cette fois, les flics ne nous encerclent pas une fois de plus. Je me saisis alors de mon téléphone et appelai Mello. Par chance, celui-ci eut vite fait de me répondre. Apparemment, la télévision n'avait pas encore relaté nos petits exploits, puisqu'il n'était pas au courant de notre petite entrevue avec la police. Cependant, la police n'allait pas tarder à faire sortir au grand jour toutes les informations qu'ils avaient. Par chance, tout ce qu'ils avaient sur nous, c'était mon visage, masque par une tonne de maquillage et une perruque, et mon faux nom. En soi, je ne courrais pas de risques. En revanche, dès que Mello eut fini de s'inquiéter pour moi, ce fut à mon tour de craindre pour sa vie.

    – T'en fais pas, elle ne va pas me tuer, répondit Mello dans un soupir de soulagement. Je… J'ai fait ce que tu as dit, et… Tu avais raison, elle cachait des morceaux de Death Note dans son soutif… J'ai tout récupéré, donc je devrais être hors de danger, maintenant. Si tu ne m'y avais pas fait penser, je sais pas ce qu'il se serait passé. Comment tu y as pensé, d'ailleurs ?

    – Oh, euh, intuition féminine, risquai-je. Dis-moi où tu es, on arrive…

    Mello m'indiqua alors une église abandonnée, près d'une forêt un peu recluse de tout, un peu dans le genre de celle du père de Kyôko dans Madoka Magica. Heureusement, Matt savait où c'était, et ce n'était pas très loin de l'endroit où nous nous trouvions. Il accéléra et prit une petite route cabossée qui m'inquiétait énormément, au vu de l'état de Chris. Même si celui-ci s'obstinait à dire qu'il allait bien, il était facile de voir qu'il disait ça pour se la jouer. Plus les choses allaient, plus son état semblait s'aggraver, et je n'arrivais toujours pas à extraire cette putain de balle. Je soupirai et le priai de ne pas se lever et d'arrêter de se mentir. Il avait besoin de soins au plus vite. Matt accéléra encore, et assez vite, nous aperçûmes l'église. Lorsque nous fûmes arrivés à bonne distance, je descendis de la voiture et courrai vers le bâtiment. Mello descendit d'un camion qu'il avait du voler je ne sais où, et je lui sautai dans les bras pour l'embrasser.

    – T'es vivant… J'ai eu tellement peur…

    – Et moi donc, souffla-t-il. Tout va bien, t'inquiète pas…

    – Et… Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demandai-je en regardant le camion d'un air dubitatif. Je suppose qu'elle est dedans ?

    Mello acquiesça. Il retourna à l'intérieur pour récupérer les morceaux de Death Note de Takada, et moi, j'ouvris la remorque d'un geste brusque. Takada était tapie au fond du camion, nue, les larmes aux yeux. Son téléphone allumé laissait penser qu'elle venait de prévenir quelqu'un. En jetant un rapide coup d’œil au téléphone, je compris qu'elle avait parlé à Light Yagami. Lorsqu'elle remarqua ma présence, son visage s'illumina. Ah oui, c'est vrai qu'elle, elle n'était pas au courant que j'étais… C'était quoi, déjà, les termes ? Une traîtresse, un bug, de la vermine. Ah, ce que j'adore être insultée !

    – Emilia ! s'exclama Takada. Vous m'avez retrouvée… Le… L'homme qui m'a enlevée, c'est…

    – Mello, je sais, répondis-je d'un ton brusque. Encore heureux qu'il a récupéré vos pages du cahier de la mort, sinon, j'imagine que vous auriez mit votre minable menace à exécution, n'est-ce pas ?

    – De… De quoi vous parlez… ? Qu'est-ce qui vous prend ?

    – Écoutez, vous allez bientôt mourir alors je préfère que vous mourriez en le sachant. Je suis du côté de Mello depuis le début. C'est moi qui ait commandité votre enlèvement. Et vous avez perdu. Dans deux jours, Kira sera arrêté par le SPK. Et en attendant, vous allez mourir maintenant et ici. Que ce soit de ma main, ou parce que Kira va vous tuer de peur que vous ne fassiez échouer son plan, vous allez mourir. Mais ne vous en faites pas. Votre cher Kira, ainsi que tous ses partisans, finiront bien par vous rejoindre. L'ordre diabolique de Kira va enfin toucher à sa fin.

    J'avais dit tout ça très calmement, avec un petit sourire satisfait. Lorsque j'eus fini, son regard changea en une fraction de seconde. Sa première réaction fut d'essayer d'attraper mon arme, mais à peine eut-elle touché mon flingue que son regard changea. Elle affichait maintenant une expression comme si elle était en transe. Quelques secondes plus tard, elle me poussa calmement. Je ne comprenais tout simplement pas ce qui lui prenait. Lorsqu'elle revint, elle portait un jerrican d'essence et des allumettes sorties de je ne sais où. Elle versa alors l'essence dans le camion et alluma une allumette. Je sortis du camion en courant.

    – ELLE VA FOUTRE LE FEU ! hurlai-je en attrapant le bras de Mello. J'ai vu son téléphone, elle a parlé à Light Yagami ! Ils ont du trouver la provenance de l'appel et il a préféré la tuer ! FAUT QU'ON SE CASSE OU ON RISQUE DE CREVER AUSSI !

    Alors que je disais ça, une odeur de brûlé planait déjà dans l'air. Mello me regarda dans les yeux une demi-seconde, m'attrapa par le bras, et nous nous mîmes à courir aussi vite que possible vers la voiture de Matt, qui démarra au quart de tour pour quitter ce fichu endroit dès que nous fûmes entrés.

    – Mello, Mello, Mello, souffla-t-il. Pourquoi est-ce que chaque fois que tu te trouves quelque part, ça finit par une belle flambée ?

    Je me retournai pour admirer le spectacle de l'église en flammes. Quand je pense qu'à quelques secondes près, Mello aurait pu se retrouver là-dedans…

    Celui-ci, pendant ce temps, s'était rendu compte de l'état de Chris. Il me regarda et me demanda ce qu'il s'était passé. Je lui expliquai rapidement la situation. Mello soupira et essaya de voir ce qu'il pouvait faire sur l'instant pour Chris.

    – On peut pas rentrer dans notre base, déclara Matt. Il a besoin de soins, sinon il va pas tenir…

    – Faut qu'on aille au quartier général du SPK, souffla Chris entre deux petits gémissements. C'est le seul endroit où on sera en sécurité… C'est pas trop loin d'ici, et je pense pas que Near sera très emmerdé à l'idée de vous garder quelques jours… De toute façon, je parie que t'aurais jamais raté une occasion de te rendre au rendez-vous entre le SPK et la cellule d'enquête le 28, n'est-ce pas, Mello ? Haha… PUTAIN !

    Mello poussa un soupir qui en disait long sur son envie de retrouver Near. Cependant, au vu de l'état de Chris, sans compter que nous étions maintenant recherchés par toute la police japonaise, nous n'avions en effet que cette solution pour être à peu près en sécurité. Nous acceptâmes tous sans grande hésitation, et Matt prit alors la direction du QG du SPK.

    Lorsque nous y arrivâmes enfin, Matt se gara dans un parking relativement bien caché indiqué par Chris, et nous sortîmes en aidant celui-ci à se lever et à se tenir debout. Au bout de quelques secondes pensantes, la porte s'ouvrit. Halle Lidner et le commandant Rester se précipitèrent vers nous, visiblement rassurés de nous voir en vie. Dès que Rester eut prit la mesure de la blessure de Chris, il le transporta dans une salle où il pourrait rapidement recevoir des soins, et Lidner se chargea de nous conduire, Matt, Mello et moi, à Near. Une fois de plus, Mello soupira.

    Near se trouvait dans le salon, et était en train de jouer avec un petit Porg en peluche. J'avais vraiment l'impression de revenir cinq ans en arrière, pour la sortie de Star Wars 8, aujourd'hui. En nous voyant arriver, son habituelle mine blasée sembla s'illuminer légèrement.

    – Content de vous revoir tous les trois en vie, lança-t-il de sa petite voix aiguë. Je suppose qu'il serait un peu indiscret de vous demander ce qu'il s'est passé précisément ?

    Je haussai les épaules et lui racontai alors tout ce qu'il s'était passé depuis ce matin. Y compris le fait que j'avais buté quelqu'un. Après tout, c'était de la légitime défense, personne dans cette salle ne pouvait m'en vouloir pour ça. À la fin de mon petit résumé, Near poussa un soupir de soulagement et fit remarquer que nous avions vraiment pris beaucoup de risques.

    – Cependant, je ne peux pas vous en vouloir pour votre initiative… Au contraire, grâce à ton action, Mello, Gevanni a pu remarquer dans le comportement de Mikami quelque chose qui nous avait échappé jusqu'ici, et qui m'aurait fait commettre une erreur qui aurait embouché sur la victoire totale de Kira. Je te remercie, Mello. Une fois de plus, tu m'as énormément aidé.

    – Ouais, c'est ça. Tu t'es encore servi de moi, et même si c'est grâce à moi que t'as trouvé ce détail de merde, c'est quand-même toi qui aura tous les honneurs pour avoir arrêté Kira, hein ?

    – Pas forcément, répondit Near. Mello, Matt, Eden, que diriez-vous de nous accompagner à la Yellow Box, le 28 janvier, et d'assister à la chute de Kira ? Tout cela a pu se faire grâce à vous, donc cela me ferait plaisir.

    – Ouais, bien sûr qu'on est d'accord ! répondit Matt. Bon, par contre, si vous le permettez, j'ai quelques coups de fil à passer…

    Il alla alors s'enfermer dans une pièce choisie au hasard, probablement pour prendre des nouvelles de Misa. Au même moment, Rester arriva dans le salon et annonça que Chris allait bientôt se remettre. Soulagée, je m'affalai sur le canapé de Near. C'était un peu de ma faute si Chris s'était pris ce coup, donc je m'en serais vraiment voulu si son état s'était aggravé. Et puisque Near n'avait plus besoin de ma présence, puisqu'il avait décidé de contacter L-Kira avant de discuter un peu avec Mello de je ne sais quoi, je décidai de rendre une petite visite à Chris. Lorsque j'entrai dans sa chambre, Lidner essayait tant bien que mal de panser sa blessure sans faire attention à ses petites remarques.

    – Qu'est-ce qu'il a ? demandai-je avec un petit rire en voyant qu'il était en train de délirer sur les « courbes d'enfer » de cette pauvre Lidner.

    – Je crois qu'il tient mal la morphine, répondit-elle, à moitié excédée.

    J'éclatai de rire et lui proposai de prendre un peu sa place. Elle me regarda d'un air surpris, auquel je répondis qu'avec Mello, je commençais à être habituée à ce genre de situations. J'avais réussi à me débrouiller avec les blessures de Mello, alors une blessure par balle, je devrais pouvoir gérer, maintenant que la balle avait été extraite. Si je devais juste subir ses petites remarques de connard défoncé, ce serait la base, pour moi, puisque j'avais du le supporter par téléphone pendant des semaines entières et que je ne l'avais toujours pas tué. Je restai alors à son chevet pendant un long moment, veillant à ce que son sang arrête de se déverser.

    – Alors, comment tu vas ? demandai-je dès qu'il fut réveillé.

    – Pas terrible, soupira-t-il. J'ai vécu mieux que ça, j'avoue. Mais ça ira. D'ici demain, je serai assez en forme pour y aller, je t'assure. …Merci d'avoir pris soin de moi, au fait. …J'ai pas été trop chiant, sous morphine, j'espère ?

    – Insupportable, répondis-je avec un petit rire. Mais c'est pour ça que je t'aime bien. C'est pour ça que tu es mon ami.

    – Tiens, c'est la première fois que tu me dis qu'on est amis, tous les deux… Ça me plaît bien. Merci. Je t'ai toujours vue comme une timbrée qui a pour seul but de se servir de moi et de me buter si je fais le moindre faux pas, bah… Une fois de plus, j'avais tort.

    – Allez, arrête. T'as besoin de te reposer, et moi j'ai besoin d'aller voir Mello. Dors un peu. On va avoir une longue journée, mieux vaut que tu sois en forme pour ça.

    Chris acquiesça et eut tôt fait de se rendormir. Je retournai donc dans le salon, dans lequel Near avait délaissé son Porg interactif (qui continuait de faire des petits tours autour de lui) pour jouer avec ses figurines, probablement pour prévoir à peu près comment la journée de demain pourrait tourner selon divers scénarios. Je m'accroupis à côté de lui.

    – Tu travailles trop, fis-je remarquer. Ça ne t'épuise pas, de devoir prévoir autant de possibilités ?

    – Pas vraiment, non, déclara Near. En fait, ça me rassure un peu. Grâce à vous, je suis sûr de notre victoire à 99,9 %, mais il y a toujours une plage d'incertitude. Il suffirait que L-Kira ait prévu que j'ai deviné qu'il avait deviné que j'avais prévu une de ses actions pour qu'il m'ôte la victoire… Même si honnêtement, là, je suis sûr de gagner.

    – Je vois. Mais tu sais, moi aussi je suis sûre qu'on va gagner et qu'on va réussir à arrêter Kira… Euh, Mello n'est pas là ?

    – Il est allé se reposer. Selon lui, mon plan est fatigant, donc il a préféré aller se coucher plutôt que d'en supporter davantage. Et puis à l'en croire, il préfère avoir la surprise des événements.

    – D'accord. Merci, Near.

    Je me rendis alors dans la chambre que Near m'avait indiquée afin de rejoindre Mello. En me voyant arriver, son visage s'illumina. Je m'installai à ses côtés sur son lit, et nous commençâmes à discuter de tout ce qui nous passait par la tête par rapport à la journée que nous venions de vivre. Quand je pense que dans moins de 48 heures, toute cette histoire de Kira sera finie, d'une manière ou d'une autre…


  • Commentaires

    1
    Samedi 27 Janvier 2018 à 17:28

    Putain, j'suis conne, pendant tout le temps là j'me suis demandée si t'allais buter Chris ou pas, alors que la réponse était évidente. Avec les petites phrases dans ma tête du genre "Vas-y relève toi, dans les films tout le'monde s'en fout de la balle dans le bras" ou "pense à tes amis et ça ira mieux", vive moi ! //PAN//

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:30

        Bah y'a eu un moment où même moi j'me suis demandé "Attends meuf qu'est-ce que tu fais, tu vas le buter là ou quoi ?" Et puis finalement nan, je peux pas, je l'aime trop. //pan// Ah ouais par contre je sais pas si ça suffit pour aller mieux, déjà que lorsque je tombe et que j'ai une blessure au genou j'ai l'impression que c'est la fin de ma vie pendant au moins trois jours, alors une balle, j'imagine pas. //PAN//

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:34

        Je comprends, c'est comme si je tuais Léa ou Shin. Pourtant je peux très bien tuer Helena-- //pan//

        Ah, je pensais être la seule idiote à être comme ça. Tant mieux. /pan/

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:35

        Ouuuuh, ce serait tellement cool de la voir crever juste une fois--//PAAAAAAAAAAAN//

        Bien sûr que nan, on n'est jamais seul. /pan/

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:36

        Si un jour, je fais jne quelconque fanriction de merde avec eux dedans, je te jure qu'elle,mourra.~

        Oui. /pan/

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:40

        Ou qu'elle morfle bien sa mère, en tout cas-/pan/

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:42

        Mais bien sûr.

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:45

        T'es une vraie amie, darling. ~

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 17:47

        Toi aussi--

        /pan/

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 18:10

        Merci, c'est gentil ~ 

      • Samedi 27 Janvier 2018 à 18:12

        De rien~

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