• Bon, ça fait trois jours que j'écoute ça en boucle donc fallait bien que je le mette. Sérieusement, j'adore tout ce qui vient de Undertale the Musical, et je dois avouer que la version Génocide m'a encore plus plu que la route Pacifiste. Toutes les chansons sont géniales, en particulier -selon moi- Battle Against a True Hero, Power of Neo, Megalovania... Ah oui j'aime bien aussi la reprise de Ruins au début. Et la chanson de Papyrus. Et celle de Toriel... Ouais en fait je les aime toutes. Mais ma préférée est sans aucun doute celle-là. Déjà parce que j'aime beaucoup le personnage de Chara donc dès qu'on parle de lui/elle, je trouve ça cool, et puis je sais pas, y'a quelque chose de vraiment magnifique qui s'en dégage.

    Cela étant dit, je retourne écouter du Evanescence en sachant que j'ai complètement foiré mon coup sur Undyne et que j'arriverai jamais à la passer ! :D

    //pan//


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  • VI.

    Il faut avouer que pour Mello et moi, le mois de novembre était un mois particulièrement dur, qui semblait n'être là que pour nous rappeler de mauvais souvenirs. Personnellement, j'avais toujours haï le mois de novembre. Enfant, il me séparait de la période des fêtes et des vacances. Adolescente, il me déprimait littéralement. Et maintenant… Maintenant, il me rappelait la situation de merde dans laquelle nous étions. Et la mort de L.

    Le 5 novembre 2018, jour qui marqua au fer rouge le fait que L était mort depuis exactement un an à présent, Mello et moi tentâmes d'échanger quelques paroles réconfortantes, mais au fond, nous savions que tout cela n'était que des illusions. Et pour tout vous dire, ce jour-là, non content de nous rappeler que L s'était fait assassiner par Kira, nous rappela également que nous aussi, nous risquions nos vies. Nous courrions les mêmes risques que L. Nous risquions, nous aussi, de nous faire assassiner par Kira. Jusqu'ici, je n'avais pas voulu y penser et je ne l'avais jamais mentionné, mais ce jour-là, en servant à Mello un chocolat chaud, je ne pus m'empêcher de dire ça à voix basse, mais suffisamment audible pour que Mello m'entende.

    Il me répondit alors que nous allions arriver à nous en tirer, tôt ou tard. Que nous allions arrêter Kira. Qu'à la fin, nous gagnerions. Mais il n'avait pas réussi à contrôler sa voix qui tremblait, comme s'il était à deux doigts de pleurer.

    – Le problème, souffla-t-il à peine quelques secondes plus tard, tout en serrant entre ses mains un mug Assassination Classroom, …le problème, c'est que je… Je suis pas comme L. Je… J'ai peur de mourir. J'ai peur d'y arriver… Là où lui, il était sûr de lui, moi je… Bordel ! Chaque fois que je me dis que je peux y arriver, faut toujours que je me rappelle de mes échecs face à Near, ou de ce que mon père me disait… J'EN PEUX PLUS !

    Moi, de mon côté, je n'osai pas réagir. Je me mordais les lèvres jusqu'au sang pour ne pas pleurer, et je priais pour qu'on arrive à tuer Kira et à venger L.

    Mello finit par se reprendre, et lança soudain qu'il était bien prêt à mettre ses doutes de côtés. Que ce n'était pas en doutant de lui-même qu'il allait avancer.

    – Je vais arrêter Kira. Je vais battre Near. Pour moi, pour toi, mais aussi… Mais aussi pour L. En son nom, en sa mémoire… Où qu'il soit, je retrouverai et je tuerai Kira. J'ai été élevé dans le but de devenir le nouveau L, après tout. J'ai échoué, mais il n'est pas trop tard. Je fais le serment que la mémoire de L continuera d'exister dans ce monde. …Même si je dois en mourir. Je suis prêt à tout.

    Je pris Mello dans mes bras, et tout en essayant toujours de retenir mes larmes, je soufflai entre deux semi-sanglots que moi aussi, j'étais prête à tout. Après tout, si aujourd'hui, j'étais celle que j'étais, c'était parce que j'avais toujours idolâtré L. Maintenant que cette idole avait disparu, je me devais de veiller à ce que sa mémoire ne disparaisse pas également, et d'exterminer le meurtrier qui l'a tué.

    Les mois passèrent, puis les années. Nous nous retrouvons donc à présent le 5 novembre 2020. Ce jour-là, la pluie tombait à grosses gouttes partout à Los Angeles, ce qui n'empêchait pas Mello de vouloir sortir. Cette année, nous avions décidé que nous ne nous laisserions pas abattre. Juste le temps d'une journée, nous allions laisser le passé mourir, histoire de ne pas trop en souffrir. Juste le temps d'une journée, nous allions arrêter de penser à ce que nous avions laissé derrière nous il y a trois ans. Ne pas penser à L. Ne pas penser à Matt. Ne plus penser à rien. Si on laissait toujours le passé parasiter nos esprits, nous ne nous en sortirions jamais. Les deux années précédents, nous avions horriblement souffert chaque fois que ce maudit jour de novembre était venu. Cette année… Nous voulions au moins essayer de nous libérer de toute cette pression et de ce désespoir.

    Mais ça, c'était plus facile à dire qu'à faire.

    J'arborais les ruelles de différents quartiers paumés de L.A., seule. Mello était parti de son côté, que ce soit pour faire des recherches, ou bien pour broyer du noir de son côté sans que je puisse le voir sous un jour déprimé. Ayant moi-même choisi cette option, j'imaginais qu'il en allait de même pour lui. Au final, quand nous avions décidé de ne pas penser à notre passé, nous voulions plutôt dire que nous n'allions pas emmerder l'autre avec nos sombres pensées. Au fond, c'était peut-être pas plus mal comme ça. Penser par moi-même ne me faisait pas de mal, bien au contraire. J'espérais qu'il en allait de même pour Mello. Parfois, le temps d'une minute, je craignais qu'il ne tente de se suicider, ou qu'il ne se fasse agresser sans que je puisse rien faire, mais je me posais juste trop de questions.

    « Ouais, ça me fait pas de mal d'être un peu seule… Je suis complètement parano dès qu'il s'agit de Mello, putain. »

    Je poussai un petit sourire et continuai ma marche solitaire, réajustant ma capuche sur ma tête, tout en chantonnant Boulevard of broken dreams d'un air absent. J'avais rien de plus générique en tête pour coller à ma situation actuelle, après tout. « I'm the only one and I walk alone… »

    Tandis que je marchais en chantonnant, je me sentis de nouveau immergée de souvenirs que j'aurais préférés chasser de ma mémoire. Ma première, seule, dernière, rencontre avec L. Cette naïve promesse d'un jour travailler avec lui sur une enquête au moins aussi complexe que les cas Beyond Birthday ou Kira. Kira… J'aurais tout donné pour le coincer. Quand je pense qu'un jour, je m'étais dit qu'il n'avait peut-être pas tort ! J'étais si stupide, à cette époque…

    Je relevai soudain la tête et me rendis compte que j'étais perdue dans un coin que je n'avais jamais visité auparavant. Et évidemment, l'imbécile que je suis n'avait pas pensé à installer un putain de GPS sur son téléphone portable… Et pour moi qui avait un sens de l'orientation dont la note était proche du zéro, il ne manquait vraiment plus que ça.

    – Génial. J'suis dans la merde.

    Je pris un chemin au hasard et me lançai. De toute façon, il fallait bien que je tente de retrouver mon chemin. Et dans le pire des cas, je pouvais toujours appeler Mello, même si je préférais ne faire ça qu'en cas d'urgence. J'essayai alors de reconnaître les tags sur les murs, ce qui était tout de même un bon moyen de se repérer.

    C'est là que je le vis. Au départ, je ne le reconnus pas réellement, et je crus à une simple hallucination, mais en me rapprochant de lui, j'étais sûre de moi. Aucune erreur n'était possible.

    Je m'accroupis vers le jeune homme étendu sur le sol, visiblement complètement sonné, peut-être même drogué. En trois ans, il n'avait pas tant changé que ça. Ses cheveux bruns étaient toujours coiffés d'une coupe emo, son visage, bien qu'affecté par la drogue et le tabac, affichait toujours la même petite moue blasée, et il portait toujours les mêmes lunettes oranges dignes d'un Star Wars.

    – Matt ?! Matt, c'est toi ? Putain… Allez, Matt, réveille-toi, je t'en prie… !

    Que faisait-il ici ? Comment était-il arrivé là ? Que lui était-il arrivé ? Comment s'était-il retrouvé dans cet état ? Qui lui avait fait ça ? Trop de questions s'entrechoquaient dans mon esprit d'un seul coup. Je le secouai un peu pour le faire se réveiller de force, mais mes efforts semblaient inutiles. Cependant, il respirait toujours…

    Je saisis mon téléphone portable et composai à toute vitesse le numéro de Mello. Lorsque celui-ci répondit, je ne lui laissai même pas le temps de me demander ce qu'il se passait.

    – Mello ? Localise mon téléphone et viens tout de suite. J'ai besoin de ton aide.

    J'éteignis mon téléphone et pris Matt dans mes bras. Mello arriva environs cinq minutes plus tard et me demanda aussitôt ce qu'il se passait, avant de s'interrompre dans sa propre question, lorsqu'il vit le corps de Matt dans mes bras.

    – Putain… Il est vivant ?

    – Oui, je crois. Mais tout juste… Faut qu'on rentre et qu'on le soigne, sinon il va pas s'en tirer…

    – Putain… Il est vivant. Il est vivant. Après tout ce temps… Je sais pas qui lui a fait ça, mais je leur ferai payer ce qu'ils lui ont fait. Matt, t'en fais pas, tu vas t'en tirer. Tout va bien se passer. On est là. Eden, laisse-moi le porter, je suis plus fort que toi. On n'est pas trop loin du QG, ça devrait aller. Faites qu'il tienne le coup…

    Sur le chemin du retour, je ne pus m'empêcher de faire part à Mello de mes questions et de mes doutes, notamment sur la probabilité de chances pour qu'on retrouve Matt comme ça, inopinément. Je me demandais sincèrement ce qu'il pouvait faire ici. Venant de Matt, on pouvait s'attendre à tout. Néanmoins, ma plus grande inquiétude pour l'instant restait de savoir s'il allait tenir le coup, et comment il avait pu se retrouver dans une telle situation. Tant de questions, auxquelles ni Mello ni moi n'avions de réponses. C'était d'un frustrant…

    Arrivés au Q.G., nous nous précipitâmes vers la chambre de Mello, où celui-ci allongea Matt. Je courus alors chercher le sac vendu avec la Pullip que Mello m'avait offerte, sac dans lequel je tenais désormais toute une trousse de premiers secours. On ne sait jamais, ça pouvait servir. Je séchai rapidement les cheveux, le visage et les vêtements de Matt afin qu'il ne meure pas de froid, tandis que Mello s'occupait de chercher précisément ce qu'il avait.

    – Bon, déjà il n'a pas de marques qu'il aurait pu recevoir pendant un combat, c'est déjà ça… Mais je sais pas, c'est bizarre, c'est comme si on lui avait injecté des calmants de force, quelque chose comme ça…

    – Tu penses qu'on peut faire quelque chose ?

    – Dans la mesure où il n'est ni malade, ni blessé, on ne peut qu'attendre, et espérer qu'il va se réveiller. On n'a pas vraiment d'hôpital à notre disposition, et dans son état, je pense pas que ce soit une bonne idée d'utiliser un défibrillateur ou une connerie du genre… Mais il va s'en sortir. J'en suis sûr.

    Un sourire peu convaincu se dessina sur mon visage. J'espérais sincèrement qu'il avait raison. Il fallait évidemment que je garde espoir, mais les expériences que j'avais vécues au cours de ma vie m'avaient appris une chose : ne jamais idéaliser la situation, et toujours se préparer au pire. Alors certes, Mello était comme moi de ce côté-là, mais n'empêche, il avait cette détermination et cette assurance qu'il me manquait un peu, la plupart du temps. Je regardai mon sweat-shirt oversize Undertale, cadeau de ma mère pour mes quinze ans. Le cœur emblématique du jeu tenait toujours, plus de trois ans plus tard, ainsi que le message « Stay Determined ». Ouais. « Reste déterminé… » J'en avais bien besoin, pour être honnête. Et ce n'était pas la première fois dans ma vie.

    Lorsque j'avais découvert Undertale, j'étais de mauvaise humeur. Sans raison apparente, j'étais juste tout le temps en colère, contre une bonne partie du monde. J'avais 14 ans, j'en voulais à mon père, j'étais épuisée de l'entraînement qu'il me faisait subir à distance, j'en avais marre des cours, j'en avais marre des personnes que je côtoyais que ce soit dans la vraie vie ou sur Internet, et je ne partageais pas grand-chose avec ma mère de peur qu'elle ne me juge par rapport à la « merde » que je regardais à l'époque. Vint le jour où quelques Youtubeurs français que j'appréciais se mirent tous à jouer à Undertale, un patch dans cette langue étant sorti. Cela faisait un moment que le jeu m'avait intriguée sans que je me décide à plonger dedans. Cependant, cette fois, je décidai de me lancer dans l'aventure.

    Ce fut alors une révélation. Et non content d'être mon jeu préféré, d'être celui qui m'a le plus intéressée, celui dont l'histoire m'a le plus passionnée, celui dont les personnages étaient les plus attachants, en plus de tout cela, Undertale avait eu le mérite de me faire rire. Décompresser. Déconner. Délirer. En y jouant, j'avais certes pété plombs sur plombs sur pas mal de combats, mais je ne finissais jamais frustrée comme je l'étais à la fin d'une partie de Mario ou de Tetris, par exemple. Undertale était l'un des rares jeux auxquels je m'accrochais, même quand je mourais vingt fois de suite sur le même mini-boss pourri. Parce que j'adorais sincèrement ce jeu. Les personnages, l'histoire, l'humour, tout cela m'avait touché en plein cœur, ainsi que certaines répliques bien placées, qui me permettaient toujours de m'accrocher.

    « Take care of yourself, kid. 'cause someone really cares about you… » Pas tout à fait faux, celle-là, quand j'y repense. Le nombre de fois où je m'étais dit que personne ne s'inquiétait pour moi. Le nombre de fois où je me souvenais qu'enfant, j'avais ma mère, et que maintenant, j'avais Mello.

    « And despite everything, it's still you. » Ouais, ça c'est bien ce que je me disais chaque jour depuis des années, chaque fois que je me regardais dans le miroir. Malgré tout ce que j'avais fait et vécu, c'était toujours moi. Pas toujours facile à croire. J'avais l'impression d'avoir plus changé en trois ans qu'en quinze ans, de ma naissance jusqu'à mon arrivée à la Wammy's House. Mais bon. Au fond, c'était toujours moi, cette petite imbécile d'Elena Asher. Enfin… Eden, maintenant. Je préférais tellement ce nom-là.

    Stay Determined. C'était ce que je devais faire dans notre situation. Je devais avoir la même réaction que lorsque je mourrais en boucle face à Flowey dans Undertale. Je devais rester déterminée et garder espoir. Les choses allaient bien finir par s'arranger, d'une manière ou d'une autre. Quand on arrêtera Kira, tout ça prendra fin. On est plus près que jamais de l'avoir. C'est ce que je me devais de penser.

    Ça va aller.

    Matt va forcément finir par se réveiller.

    Arrête de stresser, idiote.

    Alors que je repensais à cela, Matt avait eu quelques légers spasmes. Mello se tenait à l'autre bout de la pièce, adossé contre un mur en mangeant une énième tablette de chocolat. Un jour, il allait falloir que je lui demande comment il se les procurait… Il semblait chercher quelle était la meilleure position décontractée et badass à adopter lors du réveil de Matt. Rien qu'en songeant à cela, je levai les yeux au ciel et retint un petit rire, tout en prenant la main de Matt dans la mienne.

    – Courage, Matt… Tu peux le faire. Tu peux survivre. Tu en as la force. Je le sais. Tu vas pas te laisser abattre aussi facilement, hein ?

    Je souris et effleurai ses cheveux bruns ébouriffés d'une main. Il bougea légèrement de nouveau. Mello s'approcha, et je me mis à me ronger les ongles de la main droite. Matt poussa un nouveau petit soupir, et malgré ses lunettes, je pus remarquer que ses paupières commençaient à vaciller, comme s'il sortait enfin de son état comateux pour ouvrir les yeux. Lorsque je me retournai vers Mello, celui-ci était à présent juste à côté de moi, oubliant pour l'instant son envie de paraître stylé.

    Quelques temps plus tard, Matt ouvrit enfin les yeux. Il lui fallut cependant un peu plus de temps pour les ouvrir totalement sans les refermer une demi-seconde plus tard. Au bout d'une minute environs, il semblait aller mieux de ce côté-là, et se mit alors à regarder autour de lui d'un air surpris et quelque peu apeuré, ce que je pouvais comprendre.

    – Où… Où est-ce que je suis…? Je… Je dois rêver… Mello, Eden, c'est vous ? C'est pas possible…

    – Et pourtant dis-toi que c'est réel, Matt, dis-je d'un ton se voulant rassurant. On est dans notre Q.G., à Los Angeles, au passage.

    – L-Los Angeles ? Ah ouais, j'me souviens… Putain, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

    – On espérait que tu nous le dirais, justement, déclara Mello en croquant dans sa tablette de chocolat. Ed' t'a trouvé inconscient dans une ruelle. T'étais complètement dans les vapes, et même si t'avais rien de suspect sur toi, je serais prêt à parier que t'avais pris de la drogue… 'fin ça tu sais, à part pour te demander qui est ton fournisseur et s'il file de la qualité, j'm'en fous pas mal, mais bon. Ce qui m'importe, c'est surtout de savoir ce que tu fais là, à Los Angeles, endroit où comme par hasard, on se trouvait.

    – Mets-toi à ma place, Mello, souffla Matt en se redressant. Quand vous êtes partis, j'étais désespéré, et terrifié. Pendant des mois, je suis pas sorti de ma chambre, et je suis juste resté sur mon lit à pleurer. Un peu plus tard, je me suis cassé d'ici, et là, bah… J'suis passé par une mauvaise passe, et j'en suis pas vraiment sorti, comme tu vois. Donc j'ai commencé à me… Enfin voilà. Et en même temps, j'étais obnubilé par l'idée de vous retrouver. Tu sais, Mello, t'étais particulièrement bien caché, personne de normal ne pourrait te retrouver, mais tu as face à toi le meilleur hacker de l'histoire, surtout pour ce qui concerne les sites de vente… Et bon, quelques bonnes centaines de tablettes de chocolat d'une marque bien précises, certes livrées à différentes adresses et différents noms, mais toujours dans les environs de Los Angeles pour toi et un certain nombre de Pullips et de goodies Undertale… Je suis désolé, mais c'était évident que c'était vous deux. Alors, y'a un mois, je suis parti à L.A. pour vous retrouver, tous les deux. …Au final, j'ai réussi mon coup.

    Je le regardai en retenant des larmes de joie. Il était allé jusque-là dans le seul but de nous retrouver ? Je rêve. Sérieusement, ce mec était l'ami le plus génial dont j'aurais pu rêver.

    – T'es sûr que ça va ? T'as besoin de quelque chose ?

    – Une Game Boy Advance et tout ira parfaitement bien, répondit Matt avec un petit sourire. …Au fait, si ça vous emmerde pas… J'aimerais vous aider. Peu importe ce que vous faites, peu importe vos méthodes pour arrêter Kira… Je veux vous aider. Je pourrais vous être utile. Demandez-moi de faire quelque chose et je le ferai sans hésiter.

    – Je peux pas accepter, répondis-je en coupant la parole à Mello, qui s'apprêtait probablement à accepter. Matt, je refuse que tu mettes ta vie en danger pour ça. C'est notre combat. Je veux pas te mêler à ça. Et puis toi-même, tu m'avais dit que…

    – C'était il y a longtemps, Eden. J'ai grandi. J'ai évolué. De toutes façons, dans le monde dans lequel on vit pour l'instant, aucun de nous ne peut espérer avoir la vie de ses rêves. Alors quitte à lutter contre Kira, je veux le faire avec vous. Je m'en fous de risquer ma vie. Je m'en fous de mourir dans la lutte. Si je peux vous aider en quoi que ce soit, je le ferai sans hésiter une seule seconde.

    – Matt…

    Je regardai Mello du coin de l’œil. Celui-ci soupira et s'assit à côté de Matt, le prenant par les épaules.

    – Matt… Les gens comme toi sont rares. Tu es extraordinaire. Vraiment, entre toi et Eden… Je pourrais pas rêver mieux comme coéquipiers. Comme amis. Si tu veux collaborer avec nous, j'accepte avec plaisir. Mais je tiens à ce que tu saches que sauf en cas de dernière mesure, je ne te mettrai jamais en danger de mort, pas plus qu'Eden. Ni même que moi. En fait, vous savez quoi ? Ça tombe bien. J'ai trouvé récemment la mafia la plus puissante de tous les États-Unis. Ça fait un bail que je veux trouver un moyen pour la rejoindre, et j'ai justement ma petite idée sur comment faire, depuis quelques temps. Ed', j'avais pas très envie de te laisser seule le temps de le faire, mais maintenant qu'on a retrouvé Matt, tu auras un peu de compagnie pour la semaine à venir. Une fois que ce sera fait, quoi qu'il arrive, c'est ces mecs qui se prendront les coups, et pas nous. Tant qu'il y en aura au moins un en vie et que Kira n'aura pas connaissance d'eux, on ne risquera absolument rien.

    – Tu penses que tu vas y arriver, Mello ?

    – Ouais. Vendre un parrain de la mafia que même Kira n'a jamais réussi à tuer, ce sera pas bien compliqué. Pas plus que de les manipuler pour obtenir ce qu'on veut. Je pense qu'il suffira de leur faire comprendre à quel point Kira est une menace pour leurs petites affaires, et à ce moment-là, ils seront soumis à ma volonté. Je suis un génie, après tout. Je ne me trompe jamais. Je ferai l'affaire. Vous verrez.

    Mello partit le lendemain matin sans perdre la moindre seconde, comme il fallait s'y attendre. L'avantage de se retrouver avec Matt, c'était qu'au moins, non contente de ne pas être seule, j'étais avec un ami qui partageait la plupart de mes goûts. J'avais soudain l'impression que tout redevenait comme à l'époque de la Wammy's House, lorsque tout allait bien, et que Matt et moi pouvions passer des heures à jouer à Final Fantasy XV et écouter à fond du My Chemical Romance ou du Fall Out Boy. Je retrouvais enfin ce qui me manquait depuis exactement trois ans. En regardant Matt, j'avais l'impression qu'il ressentait la même chose que moi…

    Je sais pas si vous connaissez Teenagers, de MCR. Je crois que j'avais déjà dit que Matt aimait écouter cette chanson plus que tout au monde. Tout comme moi. Déjà, bien avant de rejoindre la Wammy's House, j'étais une fan du groupe, et de cette chanson, que je pouvais passer en boucle avec ma famille. De temps en temps, c'était un événement aléatoire, mais ma grand-mère me demandait qui était le « they » que mentionnait le chanteur. Selon ma mère, c'était le gouvernement. Eh bien, là, imaginez que la situation est retournée.

    Maintenant, le « they », c'était les gens comme Matt, comme Mello et comme moi, ou en tous cas, ça correspondait bien à ce que nous étions. Pas juste des membres d'un gang. Des mafieux adolescents et désabusés. Le combo de la mort, j'imagine vous serez d'accord avec moi. Mais ouais, en gros, c'était un peu ça, l'histoire. On avait nos méthodes, et on n'aurait pas peur d'arracher des têtes et des rêves pour parvenir à nos fins. On dormait avec nos armes dans les mains. On surveillait tout et tout le monde. On était toujours prêts à toute éventualité sanglante. C'est nous qui menacions sans cesse le gouvernement, pas l'inverse. C'est nous qui allions dominer.

    Pendant une semaine, je passai donc le plus clair de mon temps avec Matt. Mello me téléphona le deuxième jour pour m'annoncer qu'il ne reviendrait probablement pas dans notre Q.G. tant que les mafieux ne seraient pas sûrs à 100% de nous accepter. Génial. Heureusement que Matt était de bonne compagnie, parce que sinon, je me serais vraiment ennuyée. Et quand je m'ennuyais, moi, j'étais capable de tout. Du coup, la présence de Matt aidait pas mal. Nous jouions, nous discutions, nous écoutions de la musique, comme deux amis le feraient. Une fois, Matt me prouva ses talents de hacker en piratant les dossiers de la Maison Blanche, remplaçant tous les dossiers présents sur le site par des vidéos de différents hentai. C'était con, mais cela eut le mérite de nous faire rire pendant tout l'après midi.

    Le sixième jour, Matt me fit part de ses projets de tatouages et de piercings. Il me révéla alors qu'il voulait s'en faire depuis des années, mais qu'il n'osait pas, qu'il avait peur des aiguilles, ce genre de choses.

    – Tu dois vraiment me prendre pour un con, soupira-t-il en allumant une cigarette.

    – Nan. Je serais de mauvaise foi, si je te trouvais con pour ça. J'suis dans la même situation que toi, pour tout te dire. Mais dis-moi, c'est quoi, ces tatouages que tu veux tant te faire ?

    – Déjà, je sais pas si tu sais, mais au Japon, y'a pas mal de gens qui se font tatouer des carpes et des dragons, par symbolique, tout ça, tu sais ? J'suis con, t'as étudié la civilisation japonaise et tu parles couramment japonais, tu sais forcément ça… M'enfin, bref, j'aimerais bien me faire un tatouage de ce genre… Sauf qu'au lieu de la carpe, je veux me faire un Magicarpe, tu sais, le Pokémon tout pourri qui devient un badass ! Et je veux que le dragon ait plutôt la tronche de ceux du Seigneur des Anneaux ou de Game of Thrones ! Ça en jette beaucoup plus ! Enfin je veux un truc bien badass, quoi !

    – Matt, t'es défoncé ?! m'exclamai-je en éclatant de rire. Un Pokémon qui devient Smaug, qu'est-ce que t'as fumé ?

    – Je suis très sérieux ! s'offusqua Matt en retenant un rire malgré tout.

    Le lendemain matin, un message de Mello me parvint sur mon téléphone :

    « Tout est prêt. Je vais te donner les coordonnées de l'endroit où nous serons désormais logés en pièces jointes. Mémorise bien le lieu. Une fois que ce sera fait, débarrasses-toi ton téléphone. Dis à Matt de se préparer aussi.

    P.S. : Je me fous de savoir comment tu géreras, mais je veux mon canapé dans notre nouvelle base. »

    Je levai les yeux au ciel et montrai le message à Matt. Celui-ci jeta un regard en coin vers l'horreur en imprimé zèbre et retint un petit rire. « Mais qu'est-ce qu'il a avec cette merde de canapé ? » soupirai-je en ouvrant les pièces jointes au message.

    Arrivés au lieu de rendez-vous, Matt et moi eûmes vite fait de comprendre qu'il ne s'agissait pas de la base actuelle de la mafia, mais simplement d'un endroit où l'un de leurs gars devait venir nous chercher en voiture. Blindée et aux vitres teintées, dieu merci.

    L'homme qui vint à nous se faisait appeler Rod Ross, et devait bien mesurer dans les deux mètres, en plus d'être incroyablement bien baraqué. Pour être tout à fait honnête, cet homme ne me mettait pas très à l'aise, même s'il paraissait plutôt amical envers Matt et moi. Comme si Mello et lui étaient deux amis de longue date et que Ross était du genre à appliquer à la lettre l'expression « les amis de mes amis sont mes amis. »

    Ouais, moi j'ai toujours dit que l'amitié c'est surfait, de nos jours, mais bon. Je préférais largement avoir ce colosse avec moi que contre moi.

    Après nous avoir posé quelques questions et avoir tourné dans le vide pendant plus d'une heure, Ross finit par garer sa voiture dans un parking sous-terrain très bien emménagé, et qu'il aurait été impossible de remarquer si nous n'avions pas su qu'il se trouvait là. C'était parfait.

    Ross nous fit descendre de la voiture et nous conduisit dans le salon, dans lequel Mello trônait, assis sur un fauteuil violet clinquant, une tablette de chocolat à la main. Il prenait son pied façon méchant de James Bond nouvelle version. En le voyant, comme ça, il ressemblait vraiment à un parrain de la mafia, et semblait parfaitement dans son élément, alors qu'en soit, il n'avait pas du tout changé physiquement. À croire que Mello était fait pour le pouvoir. Qu'il était fait pour être le numéro un. Rien qu'en le voyant prendre son pied de la sorte, sublime et rayonnant, me faisait sourire.

    Après nos petites retrouvailles avec Mello, Matt préféra s'éclipser au fond de la pièce pour finir son niveau de Mario, tandis que je faisais la rencontre des autres membres de la mafia. Je n'aimais pas ça du tout, mais bon, il fallait bien créer des liens, si je voulais qu'il me fassent confiance et qu'un jour, ils fassent ce que je leur demande, en cas de besoin.

    À la fin de la journée, je m'effondrai sur mon lit. J'avais rapidement aménagé ma chambre, c'est-à-dire que la plupart de mes Pullips vacillaient sur leurs socles, que ma PS4 était posée en vrac sans le moindre respect et que mes posters avaient besoin d'être mieux punaisés que ça, mais c'était pas vraiment le moment de se plaindre. Pour l'instant, tout ce que je voulais, c'était me reposer un peu. Mello vint me rejoindre dans ma chambre quelques minutes plus tard, pour mon plus grand plaisir. Je me tournai vers lui en souriant.

    – Alors ? Cette semaine ?

    – Pas si chiant que ce qu'on pouvait croire. J'ai juste fait durer le plaisir, en fait. Voir ces connards me poser des tas de questions, me tester, tout ça… C'était bien trop drôle.

    – J'aurais voulu voir ça.

    – Oh, je pense pas que c'était très différent d'un des jeux vidéo de Matt, tu sais. Maintenant, le tutoriel est fini, et la première phase l'est également. On rentre dans le cœur du jeu. Et on est plus proches du boss final que tu ne le crois.

    – Trois ans pour un tuto et une première phase ? soufflai-je. Enfin après tout, c'est pas un jeu réservé à des gamins de maternelle. Et même des hardcore gamer comme nous avons besoin d'entraînement pour y arriver. Mais je pense que t'as raison. On arrivera bientôt au boss. Maintenant, je pense que chaque jour nous rapproche un peu plus de Kira. On va l'arrêter. On va y arriver. Quitte à se servir de la mafia. Maintenant qu'on a Matt avec nous, on pourra pas perdre.

    – Exactement, déclara Mello en m'embrassant le cou.

    J'eus un petit rire et je l'embrassai en retour.

    « Kira, tu ne perds rien pour attendre. »

    Les jours passèrent. L'avantage de la mafia, c'est qu'on ne s'emmerdait jamais vraiment. Il se passait toujours quelque chose. Un mec random faisait toujours une connerie, et là, bonjour la lapidation des temps modernes. Lapidation à laquelle je me prêtais de temps en temps, ou en tous cas lorsque le problème me touchait. En soit, je me foutais pas mal que quelqu'un utilise la drogue de l'association pour son usage personnel, c'est pas comme si elle me servait beaucoup, cette drogue. (Concernant Matt et Mello, en revanche, je ne dirai rien. Matt ne se cachait pas et se droguait dès qu'il en avait l'occasion, et lui et moi ne pouvions nous empêcher de soupçonner Mello de mettre quelque chose dans son chocolat au vu des conversations qu'il pouvait parfois tenir.) En revanche, quand quelqu'un dilapidait mon argent, qui aurait pu servir à quelque chose de bien plus important que ses dettes à un quelconque patron, beau-père ou Yakuza, peu importe, – des choses plus importantes comme par exemple une paire de Demonia, une Pullip ou un jeu vidéo –, là je le prenais mal. Là, ça me faisait du bien de me venger ne serais-ce qu'un tout petit peu.

    Étais-je moi-même devenue une mafieuse barbare sans foi ni loi ? Possible. Mais d'après Mello, c'était plutôt une bonne chose, et il avait raison. Nous allions probablement rester dans ce gang un bon moment, jusqu'à ce que Kira soit arrêté, en tous cas. D'ici-là, il valait mieux nous intégrer plutôt que de refuser de leur adresser la parole. Même Matt, à sa manière, faisait des efforts. C'est-à-dire que lorsque Ross ou un autre regardait dans son dos lorsque sa PS4 était allumée, il daignait parfois lui passer sa manette pour le laisser profiter du bonheur qu'était de jouer à Sword Art Online : Lost Song. Un saint. Moi, j'en aurais jamais fait pareil.

    Enfin, moi, encore, je n'avais pas à me plaindre. En temps que petite amie du boss de l'organisation, j'étais intouchable. Un mot de travers, Mello pouvait se permettre de descendre la personne qui m'emmerdait. Ou je pouvais lui demander de lui rendre la vie impossible, en tous cas. J'avais jusque-là été une personne relativement humble, mais pour le coup, je dois reconnaître que j'adorais la situation dans laquelle je me trouvais. Pour une fois que je pouvais me permettre de porter une jupe laissant presque entrevoir ma culotte, un top en cuir, un porte-jarretelle et des bottes Demonia montant jusqu'en-dessous des genoux sans avoir à craindre la moindre petite remarque, je profitais.

    Pour la vie relativement sympa à laquelle nous avions droit en ce moment, j'étais bien prête à suivre Mello n'importe où, pourquoi pas jusqu'en Enfer…

    Ah, suis-je bête. J'oubliais ce foutu canapé imprimé zèbre, que Mello ne voulait définitivement pas lâcher… Oui, il l'avait récupéré. Oui, il s'asseyait toujours dessus comme s'il s'agissait du Trône de Fer lui permettant de conquérir le monde entier. Je sais que vous direz que je me plains pour rien, mais avec ce sublime canapé, j'étais déjà en Enfer. Un Enfer relativement plaisant, mais tout de même. Manquait plus que Mello se pointe avec une longue cape, des dents pointues et un trident, un peu comme Karma dans ses grands moments dans Assassination Classroom, et l'immersion aurait été totale.

    Je déconne, hein, c'est bon, j'allais pas non plus me suicider ou demander le divorce pour un canapé. Et puis bon, au moins il avait le mérite d'être confortable, et il n'y avait pas que moi qu'il emmerdait. En fait, à part Mello et vaguement Matt (qui n'osait plus dire un mot contre cette horreur depuis que Mello l'avait lâchement acheté avec un jeu Batman The Animated Series sur Super Nes), il se trouve que tout le monde détestait ce truc et demandait à Mello si on ne pouvait pas le remplacer. Or, moi, j'avais pour particularité d'adorer ce qui faisait chier les gens. Le chat mal-aimé de la portée devenait mon préféré. Je trouvais « sympathique » et « innovant » film sur lequel on aimait bien taper ces derniers temps. Alors si Ross, Neylon et les autres ne pouvaient pas blairer le canapé de Mello, eh bien je m'affalais dessus à côté de Mello et déclarai d'un air supérieur qu'ils n'y connaissaient rien à la décoration, et que si les choix de Mello ne les satisfaisaient pas, ils pouvaient toujours partir.

    Ouais, si on ne regarde que ce côté-là des choses, j'adorais sincèrement cette vie dans la mafia, ainsi que Matt et Mello. Après tout, que rêver de mieux ? On avait le pouvoir, l'autorité, la quasi certitude qu'un jour où l'autre, nous serions ceux qui abattrons Kira, et en attendant, on pouvait vivre comme des hors-la-loi et faire ce que nous voulions. Notre organisation étant en excellents termes avec la police et ne laissant jamais de traces, nous ne risquions rien. Nous pouvions même demander à des mafieux de nous livrer à domicile notre bouffe pour Mello et nos moyens de distraction pour Matt et moi. La grande vie.

    Ouais enfin ça, c'était surtout la surface. Vous pouvez pas imaginer ce qu'on pouvait se faire chier, en réalité. Et non seulement nous nous ennuyions terriblement, mais en plus, nous étions forcés d'admirer Kira créer son monde sans pouvoir faire grand-chose pour l'instant. Nous étions forcés de supporter d'entendre toujours les mêmes conneries sur toutes les chaînes de télé. Depuis quelques temps, les voix des adorateurs de Kira commençaient à se faire entendre. De plus en plus de gens considéraient que Kira était bel et bien la Justice… Lorsqu'on devait se taper ça, Mello rageait et sortait parfois un flingue tout en croquant sauvagement dans une tablette de chocolat, Matt se concentrait davantage sur les trous de son Tetris et les bruits de sa Game Boy étaient plus sonores, comme s'il appuyait plus fort sur sa console dans l'espoir de la faire souffrir, et moi, je soupirais et je criais, lorsque je n'allais pas directement m'enfermer dans ma chambre.

    Franchement, plus la création du « nouveau monde » de Kira avançait, plus la simple idée de perdre me paraissait impossible. Perdre face à Kira, c'était dire adieu au monde tel que nous l'avions tous connus. C'était se soumettre à la volonté d'un dictateur, d'un tyran persuadé d'être un dieu. C'était accepter de vivre dans un monde ou non seulement les criminels, mais aussi toute personne voulant se révolter face à toute cette injustice, se ferait tuer. Rien que d'y penser me rendait malade.

    Et puis, je repensais à L… En l'honneur de sa mémoire, nous ne pouvions pas nous permettre de laisser Kira gagner cette bataille. Qu'importe les moyens à employer. Nous devions l'arrêter. Nous devions le tuer. C'était la seule issue possible pour nous.

    C'est là que j'étais contente d'avoir l'amour de Mello et l'amitié sans faille de Matt. Avec eux, j'étais persuadée que nous pouvions gagner. Qu'on serait toujours tous les trois, et que peu importe les défis, nous resterions toujours proches les uns des autres pour nous protéger mutuellement. Vous n'avez pas idée du nombre de fois où Mello, Matt et moi nous étions mis à chantonner Stand by you en chœur. Ou plus justement, le nombre de fois où j'écoutais la chanson, où Matt se mettait à chanter et entraînait Mello avec nous. L'innocence était présente. Ça me rappelait tellement l'époque des petits selfies que nous nous étions faits, à l'époque où nous étions encore à la Wammy.

    – D'ailleurs, Matt, ces putains de photos, qu'est-ce que t'en as fait ? demanda un soir Mello. Tu les as gardées ? Détruites ? Cachées ?

    – Eh bah en fait, c'est pas moi qui les aies…

    – Et qui les a, si c'est pas trop indiscret ? soupirai-je avec une pointe de sarcasme dans ma voix.

    – Avant que je vous réponde, je vous demanderai de me jurer que vous n'essayerez pas de me tuer. Surtout toi, Mello.

    – Balance, connard, soupira Mello.

    – Très bien, eh bien en fait euh… Comment dire ? …Near les a récupérées.

    – EST-CE QUE TU TE FOUS DE MA GUEULE ? MAIS PUTAIN TU DÉCONNES, MATT ! NEAR ? NEAR ! COMMENT CE PETIT ENCULÉ A PU LES AVOIR, HEIN ? BORDEL MAIS DE TOUTES LES PERSONNES DE LA TERRE, POURQUOI LUI ? ET MERDE !

    – Mello je t'en prie, calme-toi ! m'exclamai-je. On aurait pu tomber sur mille fois pire que lui. Il nous vendra jamais, au moins, j'en suis sûre. …Me regarde pas comme ça. Il se trouve que moi, contrairement à vous deux, je suis quelqu'un de sociable (je jetai un regard à Matt, qui se considérait comme très sociable lorsqu'il laissait quelqu'un le regarder jouer à Zelda) ET sympathique (mon regard se tourna vers Mello. Pas besoin d'expliquer, je pense.) Et je lui ai parlé, à Near. Je peux pas dire que je le connais bien, mais je le connais assez pour pouvoir t'assurer une chose, en tous cas : il est réglo. Il n'ira jamais donner nos photos à qui que ce soit. Et tu sais pourquoi, Mello ? Parce qu'il t'aime beaucoup. Parce qu'il te considère comme… Pas comme un ami, plutôt comme le grand frère qu'il n'a pas eu. ARRÊTE DE ME REGARDER COMME ÇA, JE TE DIS CE QU'IL M'A DIT, RIEN DE PLUS !

    – …Putain, je hais ce gosse. Un jour je le buterai.

    – Roh, allez M, tu dis ça pour cacher le fait que toi aussi, tu l'aimes bien, lança Matt avec un grand sourire.

    Ouais, j'aurais jamais osé le lui dire en face, mais c'est un peu ce que je pensais aussi. Quoi qu'il en soit, Mello décréta que nous étions tous les deux beaucoup trop cons, et alla s'enfermer dans sa chambre, poussant la radio à fond. Connaissant cette habitude par cœur, étant donné que c'était sa réaction chaque fois que Near était mentionné dans une conversation, je pris congé de Matt et suivis Mello dans sa chambre pour le calmer et lui éviter de sombrer dans une dépression ou je ne sais quoi d'autre.

    – Désolée, soufflai-je en caressant ses joues d'une pâleur marmoréenne. Je pensais pas que ça allait tourner comme ça, j'aurais du…

    – C'est rien, c'est pas toi, ni Matt… Merde, j'en ai marre de pas réussir à aller de l'avant. J'sais pas, j'ai l'impression que ça se calmera que lorsque j'aurai réussi à battre cet espèce de mouton sur jambes une bonne fois pour toutes.

    – Tu es à la tête de la mafia la plus importante des États-Unis, peut-être même du monde, l'une des rares que Kira n'a jamais réussi à complètement détruire. Pas Near. Qu'est-ce que tu veux de plus ?

    – Arrêter Kira avant lui, répondit Mello en se relevant. Être numéro 1. Ne serais-ce qu'une fois. C'est tout ce que je veux. Je veux être le premier. Je veux goûter à la victoire totale. Je veux être le gagnant, et je veux que Near soit le perdant. Après, je sais pas, je verrais. Mais tant que je n'aurai pas réussi à le battre juste une fois, je refuse de collaborer avec quelqu'un qui a toujours été au-dessus de moi. …Hey, c'est quoi ce regard ?

    – Je me rends compte que j'étais très conne de te comparer à Karma, en fait. Toi, dans Assassination Classroom, t'es le portrait craché d'Itona, à toujours vouloir être le premier. Bon, je vais pas te dire d'abandonner ton désir de toujours gagner parce que je sais que c'est pas si évident, c'est comme si je demandais à Matt d'arrêter de fumer, de se droguer ET de jouer à des jeux vidéo, mais quand-même…

    – Ed', je t'adore, mais pas quand tu me fais la leçon.

    – Ça tombe bien, je supporte pas quand j'ai ce rôle. Mais tu vois, je crois pas que toi, tu aies grand-chose à m'apprendre, rajoutai-je avec un petit sourire.

    – Ça, c'est ce que tu crois, répondit-il.

    Il se leva, ouvrit grand la porte et regarda Ross d'un air assassin.

    – Ross, veille à ce que personne ne nous dérange. Si quiconque jette ne serais-ce qu'un regard, j'envoie ce mec directement en Enfer.

    Sur ce, il me prit dans ses bras et m'embrassa tout en fermant la porte à double tours.

    Dieu, si j'avais su que ma première fois se aurait lieu ce jour-là, j'aurais un peu mieux préparé l'ambiance, et même si ma tenue n'avait rien à se reprocher, j'aurais mis un peu plus d'eyeliner. Quand j'y pense, heureusement que tout cela s'est passé de manière inopinée, parce que sinon, le côté naturel s'en serait pris un sacré coup. Puis bon, c'est pas vraiment l'ambiance, le plus important dans ce genre de situation. Quoi qu'il en soit, je vous épargnerai les détails qui ne vous regarde pas, mais pour faire vite, Mello le faisait aussi bien qu'il embrassait. Ce fut pour moi un pur moment de bonheur, et à l'en croire, il en allait de même pour lui. Je l'espérais, en tous cas. J'avais reçu, dans ma jeunesse, de nombreux excellents conseils de la part de ma mère concernant le sexe, au moins comme ça, une fois dans le lit, à quelques centimètres de Mello, je n'avais pas ressenti la moindre crainte, ni même de gêne. De toutes manières, j'avais eu pleine confiance en lui, et je peux vous assurer que j'ai eu raison. …Après, je sais pas, au début, ça me paraissait un peu bizarre de faire l'amour avec un garçon qui avait un bout de tablette de chocolat dans la bouche, mais on s'y fait vite.

    Bon, je pense que je vais éviter de m'étendre davantage sur le sujet, car je risquerai peut-être de mettre mal à l'aise les plus puritains d'entre vous, et puis je ne suis pas là pour écrire un lemon, d'ailleurs. Enfin, je suis une narratrice assez minable dans sa profession, vous l'aurez déjà remarqué. Enfin, dites-vous que si Mello s'était lui-même chargé de raconter cette histoire, il n'aurait probablement omis aucun détail, tout comme il aurait prit plaisir à raconter chacun de ses exploits en temps que chef de la mafia. Déçus, hein ?

    Bref.

    Je pense que nous pourrons sans peine avancer encore un peu dans le temps. La partie la plus intéressante de toute cette histoire, cette où Kira entrera enfin en jeu, va bientôt se produire, alors restez branchés.


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  • V.

    J'entraînai Mello au milieu de la pièce. Prise par le stress, je tremblotais. Mon cœur battait encore plus vite que d'habitude. Je regardai ailleurs, essayant de ne pas croiser le regard sublime et désarmant de Mello, et aussi dans l'espoir qu'il ne remarque pas que mon visage était devenu encore plus rouge que mes cheveux. Je commençai alors à lui parler de tout et de rien, par pur remplissage. Putain, pourquoi fallait-il toujours que je devienne timide et que je me mette à bafouiller dans des situations comme ça ? C'était tellement embarrassant ! Et en plus, il fallait que j'en fasse des tonnes et que je parle à toute vitesse. J'étais le parfait cliché de la fille douce et timide dans les shôjos. Oh, en soi, j'avais rien contre ça. C'est juste que je ne pouvais m'empêcher d'imaginer si des gens me voyaient. J'aurais droit à des moqueries, à tous les coups.

    N'y pense pas, tout ce qui compte, c'est Mello.

    – Euh, enfin bref… Du coup, je voulais déjà te donner ça, finis-je par dire en lui tendant ma tablette de chocolat.

    Je détournais d'autant plus le regard. Et au même moment, Mello me sauta presque au cou pour me remercier. « R-relax, c'est juste du chocolat », j'arrivai à bégayer.

    – Tu sais bien que c'est la seule chose qui me fait carburer. Et bordeeeeeel, j'adore cette marque, t'imagines pas ! C'est la meilleure de tous les États-Unis ! Sérieusement, c'est génial. Merci !

    – Héhé… De rien. C'est rien du tout, ça. C'est juste que bon, je me suis dit que, te connaissant, ça pourrait peut-être te faire plaisir. J'suis contente de voir que je ne m'étais pas trompée. Parce que bon, j'y connais rien, je suis pas diplômée ès chocolaterie, ou je sais pas comment on dit… Pour ça faudrait plutôt demander à mon grand-père.

    Et voilà, bravo ma grande, tu radotes encore !

    Mais puisque cela semblait intéresser Mello, je racontai alors une histoire que ma mère m'avait racontée quand elle était jeune, comme quoi son père avait un jour manqué de mourir en mangeant un sublime gratin de cardes, qui l'avaient rendu malade comme c'est pas possible. Et, véridique, seule sa réserve secrète de chocolat lui avait « sauvé la vie. » Mello eut un petit sourire du niveau de Draco Malfoy, et déclara qu'au final, il avait d'autant plus raison de se bourrer de chocolat, puisque ça sauvait des vies.

    Je rigolai et lui offris par la suite les autres cadeaux que j'avais prévus – et que nous avions fixés ensemble histoire de ne pas nous décevoir, pour tout vous dire. Des fringues, avec Mello, il fallait s'en douter, mais aussi, cadeau qui n'était pas prévu au programme mais que je tenais à lui offrir depuis un bout de temps, une guitare électrique. Achetée en seconde main à environs 50 dollars, mais ça, il n'avait pas à le savoir.

    Rien qu'à voir sa réaction, je compris que j'avais fait un bon choix en lui achetant cette guitare. Il était littéralement aux anges. Je regardai ailleurs pour éviter de rougir encore plus, tandis qu'il se confondait en remerciements. Au bout d'un petit moment, je lui demandai s'il voulait bien jouer un petit morceau.

    – Mouais enfin, je connais aucune chanson romantique, ni rien qui pourrait aller pour un jour comme la Saint-Valentin, avoua-t-il en retenant un rire. Tu dois t'y connaître mieux que moi, j'imagine--

    – Ah non. Non, non, non, n'y pense même pas ! Je chante pas. Je joue pas. Ou si je joue, c'est à la guitare sèche. Et seulement du Hatsune Miku version acoustique et buggée. Rêve pas.

    – Bon, je vois le genre. Je te chante la chanson que tu veux, mais après, je t'ordonne de t'y coller aussi. Ce que tu veux. C'est un bon deal, nan ?

    – Je te hais, mec. Je te hais tellement. Mais bon, si tu y tiens… Vas pour du Green Day, pour voir ?

    – Avec plaisir.

    Il commença presque aussitôt les accords de Extraordinary Girl, avec cependant un fond un peu plus metal que l'original, ce qui n'était pas pour me déplaire. Je le regardais jouer avec fascination, telle cette idiote de Bella Swan – oui, toujours elle – devant son beau gosse de vampire. Et lorsqu'il commença à chanter, un sourire se dessina sur mes lèvres. Sa voix était très belle, plus grave que d'habitude, magnifiquement bien balancée entre les graves et les aigus. Assez rapidement, je me surpris à chantonner à voix basse, portée par sa voix sans défauts. Avec tout le respect que j'éprouvais pour Billie Joe Armstrong, je dois dire que Mello l'enfonçait sans problèmes.

    Lorsqu'il prononça les derniers mots de la chanson et joua les derniers accords, j'avais l'impression que la chanson était plus courte que d'habitude. J'aurais bien voulu qu'il fasse un peu plus durer le refrain.

    – Tu chantes tellement bien, soufflai-je. C'était génial.

    – Oh, tu sais, c'est rien de ouf, juste quelques accords super simples… Bon, à ton tour. Je suis sympa, je te laisse choisir ce que tu veux chanter, si tu préfères.

    – Bon, je suppose que j'ai pas le choix, soupirai-je en me saisissant de la guitare. Bon, c'est pas vraiment une chanson qui va pour une électrique, mais ça ira. J'espère. Et te fous pas de ma gueule si je rate un accord. Et je chante faux, je te préviens d'avance.

    – Arrête deux secondes et lance-toi !

    Je soupirai, puis pris correctement ma guitare entre les mains. Après une courte hésitation, je commençai les premiers accords de The only exception de Paramore. Une de mes chansons préférées, surtout si on se plaçait d'un point de vue romantique. C'était l'une de ces chansons dans lesquelles je me retrouvais un peu. Comme pas mal des chansons de ce groupe, quand j'y repense.

    Après tout, moi aussi, j'avais vu la destruction du couple que formaient mon père et ma mère, même si ce n'était pas dans les mêmes circonstances. Le résultat était le même. Un jour, mon père avait craqué, et nous avait abandonnées, moi et ma mère, pour partir avec son Russe. Ma mère n'oublia jamais ce coup bas. Et moi non plus, je ne l'oubliai jamais. Ce jour-là, je m'étais rendue compte que l'amour pur et sincère que ces merdes de films Disney nous vendaient sans cesse, c'étaient un beau ramassis de mensonges. Qu'on vivait dans un monde réel, dans lequel il n'y avait pas de beau prince sur son cheval blanc venant secourir la princesse. Que les hommes pouvaient être des connards, partant comme ça, un jour, sans prévenir ni dire au revoir. Et oser « revenir » deux ans plus tard, seulement sous prétexte de vouloir former leur fille à devenir un agent de la CIA accompli.

    Lorsque j'avais compris cela, je m'étais jurée d'arrêter de chanter des chansons d'amour à la con. De ne pas me laisser avoir au premier joli minois venu. Alors bon, j'avais à moitié brisé cette promesse à cause d'un nombre extraordinaire de personnages fictifs, mais bon, ce n'était pas pareil. On parle là de personnages créés de toutes pièces pour cela. C'est pas comme si j'étais tombée amoureuse de tous les garçons que j'avais croisés dans un coin de rue. Ça, ç'aurait été particulièrement improbable, venant de moi.

    Bref. J'avais fait cette promesse. Je m'y tenais. L'amour avec lequel on bassine les gosses, c'est des conneries. Je me tenais à une agréable distance de tous les autres garçons que je pouvais rencontrer. De toutes manières, même si je venais un jour à tomber amoureuse, ça ne durerait pas, n'est-ce pas ? Alors bon, pourquoi souffrir d'une rupture quand c'était si simple de ne pas tomber amoureuse ? Personne ne valait la peine de prendre le risque de souffrir.

    Et puis, il y eut Mello. Mon unique exception. Le seul qui avait réussi à briser ma coquille. Le seul pour lequel j'avais envie de prendre le risque de me tromper et de souffrir. Comment s'y était-il pris ? Aucune idée. Ce fut un pur coup de foudre, dont je ne pouvais me défaire. Dès le moment où nos regardes s'étaient croisés, j'étais tombée amoureuse de lui, sans vouloir me rendre à l'évidence.

    Mello… Le jour où lui et moi nous étions rencontrés, j'ai eu l'impression de vivre pleinement ma vie. Comme si, pour la première fois depuis des années, je revoyais des couleurs dans ce monde. Là où un grand nombre de personnes devaient voir en ma décision de rester auprès de lui une sorte de sacrifice, quand j'y repense, je voyais plutôt ça comme la meilleure décision que j'aurais pu prendre.

    C'est extraordinaire. J'ai toujours critiqué les fanfictions niaises. Je me suis toujours moquée des actes mielleux ou romantiques à en mourir dans les films que je regardais, et voilà que je me mettais à penser et à agir comme dans la pire des fanfictions. Je suis insupportable.

    – …you are the only exception. …Ça va, c'était pas trop cringe ?

    – Cringe ? Nan, c'était très joli, au contraire. Tu chantes super bien, tu sais… Faudrait qu'on fasse un duo, un de ces jours.

    Je rougis d'autant plus, et bafouillai quelques phrases sans queue ni tête. Par la suite, Mello récupéra sa guitare et nous nous mîmes à chanter tous les deux pendant une bonne heure, accompagnés uniquement par les coups de guitare de Mello, qui jouait aussi bien qu'un pro. Et c'est dans des moments comme ça que je me rendais compte que, loin d'écouter uniquement du rock, il connaissait aussi quelques chansons assez girly que je n'aurais pas imaginées de lui. D'après lui, il connaissait ça à cause de Linda, Hinano et les autres filles de la Wammy's House. Ça, et le fait que chaque fois que lui et Matt étaient dans la même pièce, celui-ci chantait des chansons de Taylor Swift, juste pour l'emmerder, et qu'à force, c'était rentré. J'éclatai de rire.

    Nous parlâmes encore un peu de musique. C'était le genre de conversation où j'étais intarissable. La musique, c'était toute ma vie. Je pouvais passer des heures à comparer des chansons et des clips, à expliquer en quoi My Chemical Romance était le meilleur groupe de l'histoire, à me demander pourquoi 80% des chansons de l'album American Idiot – qui se trouvait être notre album préféré, à Mello et moi – étaient tellement méconnues, etc. J'étais contente de voir que Mello et moi avions le même genre d'avis sur tout cela. Ça me faisait du bien de voir que je n'étais pas la seule personne à avoir ce genre de goûts.

    Non parce que le peu de personnes de mon âge que j'avais rencontrées avant Mello, Matt et les filles de la Wammy… Leurs idoles, c'était plutôt le genre Justin Bieber et autres merveilles du genre. Pas tout à fait mon style de musique.

    Bref. Suite à cela, Mello et moi finîmes par quitter ma chambre pour continuer un peu notre journée. Je vous le donne en mille : embrassades jusqu'à pas d'heure, dîner particulièrement romantique venant de la part de Mello, pour finir par un marathon de diverses séries et animes que nous appréciions particulièrement, bien que nous n'en profitâmes que d'un œil, étant tous deux bien trop occupés à nous embrasser. La soirée parfaite à nos yeux.

    Et puis après cela… Plus rien d'extraordinaire pendant une assez longue période. Vous devez commencer à me connaître : je peux m'étendre en longueur sur une très courte période, puis ensuite zapper des mois et des mois. Pas vraiment la meilleure chose à faire lorsqu'on est censée être narratrice d'une histoire, je m'en rends bien compte, mais que voulez-vous ? De toutes façons, vous, vous n'êtes peut-être là que pour l'affaire Kira, quand j'y pense. Du coup, il est clair que là, je ne vous donne pas réellement ce que vous voulez.

    Cependant, contrairement à l'impression que je vous ai certainement donnée jusque-là, Mello et moi n'avions jamais cessé de penser à Kira ne serais-ce qu'une seconde. En fait, les quelques anecdotes que je vous ai livrées jusqu'ici, eh bien, c'étaient les quelques rares moments où nous n'essayions pas de savoir qui il était ou de nous emparer des carnets de la mort, à l'époque. Je dois reconnaître que nous n'avions pas eu droit à beaucoup d'indices sur l'identité de Kira, mais en essayant de retracer ce que L avait réussi à découvrir, nous espérions avoir des indices. Des preuves. Des suspects potentiels. Pour l'instant, en dehors des Death Note, de l'ancienne piste de la société Yotsuba et des quelques rares informations que les médias avaient sorties, nous n'avions pas grand-chose.

    Ce qui aurait été bien, évidemment, ç'aurait été de savoir dans quel établissement L avait travaillé sur l'affaire Kira et d'essayer de hacker le système, mais les dossiers avaient certainement été détruits après sa mort. Il nous aurait fallu un hacker d'exception pour un tel travail. Et ni Mello, ni moi, n'étions aussi qualifiés sur ce côté-là. Mello était plutôt dans l'action, l'intellect et la stratégie, et moi, j'étais plutôt dans tout ce qui se liait à la sociabilité et au corps-à-corps. En fait, de tous les enfants de la Wammy's House, un seul aurait été capable de hacker un tel système. Matt.

    Même lorsque nous pensions ne pas avoir à penser à lui, Matt revenait encore et encore dans nos esprits. Vous n'imaginez même pas à quel point c'était insupportable, aussi bien pour Mello que pour moi. Rien que de ne pas savoir ce que Matt faisait me rendait malade.

    Mello essaya pendant des mois de se mettre au niveau de Matt pour ce qui était de l'informatique. Quand il se mettait une idée en tête, il se donnait corps et âme dedans. C'était une des choses que j'adorais chez lui. Cependant, il fallait reconnaître que c'était peine perdue. Nous n'avions pas les bases nécessaires pour réussir. Cela le mit hors de lui. Il fallait toujours qu'il se laisse emporter par ses émotions. Et puisqu'il n'arrivait pas à faire quelque chose qu'un autre était capable de faire… Eh bien, comme vous devez l'imaginer, son complexe d'infériorité de malade augmentait encore.

    Génial. Comme si Near ne suffisait pas, fallait aussi qu'il se sente minable face à Matt.

    Sérieusement, avec tout l'amour que j'éprouvais, et que j'éprouve encore pour Mello… Certaines fois, j'avais vraiment envie de le secouer et de lui faire réaliser qu'il n'avait pas besoin d'être le premier dans TOUS les domaines pour être celui qui arrêtera Kira. Mais bon, ça, c'était peine perdue. Mello voulait à tout prix être le premier. Coûte que coûte. Quoi qu'il arrive. Il aurait été prêt à tout pour ça. Quitte à se faire tuer, du moment qu'il était reconnu à la fin, il s'en fichait pas mal, apparemment.

    …Et vous savez quoi ? Ça me faisait craquer à l'époque, et ça me fait toujours craquer à l'instant où je rédige ces lignes. C'était le genre de comportement chez lui qui me donnait plus que tout l'envie de le protéger et de l'aider à obtenir ce qu'il voulait.

    De son côté, j'ignorais ce qu'il pensait de moi. Il ne ménageait pas les preuves de ses sentiments à mon égard, mais je ne pouvais m'empêcher de craindre qu'il ne se lasse de moi, ou qu'il ne me trouve par moments trop futile et dissipée. Les conseils de ma mère à ce sujet me revenaient à l'esprit, du coup je décidais d'être moi-même, bien que d'un autre côté, j'avais peur que « moi-même » ne soit pas ce dont Mello avait besoin. Puis au final, je me disais que je me posais trop de questions. Vous n'imaginez pas à quel point, des fois, je me trouvais stupide.

    Les jours passaient. Puis les semaines. Puis les mois. Et puis enfin, arriva le mois de juin. Le mois de mon anniversaire. Le mois qui allait fêter ma seizième année sur Terre, évidemment. Mais aussi et surtout, cela allait faire exactement un an que je connaissais Mello. 365 jours de vie hors-normes, qui peu à peu, avaient fait de moi une adulte.

    À peu de choses près.

    Bref.

    Nous étions donc le 4 juin. Je n'avais pas vraiment le cœur à fêter mon anniversaire, mais bon. Mello m'avait déclaré que j'avais assuré pour le sien, et que même si les fêtes, c'était pas réellement son truc, il rendait toujours les coups qu'on lui donne et ne supportait pas d'être redevable à quelqu'un. Du coup, je ne pouvais que m'attendre à du lourd. Surtout venant de Mello. Quand il s'y mettait, il ne faisait pas les choses à moitié.

    Je me réveillai assez tard, comme à mon habitude. Depuis mon enfance, j'étais du genre à ne pas me lever avant neuf ou dix heures du matin. Les gens autour de moi avaient différentes réactions vis-à-vis de ça, passant de « un peu paresseuse » à « j'ai jamais vu une telle idiote de ma vie ». C'est toujours agréable, merci les gars, j'adore.

    Après m'être habillée et coiffée, je pénétrai dans le salon, dans lequel Mello m'attendait en mangeant une tablette de chocolat, l'air décontracté. Je m'assis à côté de lui sur notre ~sublime~ canapé en cuir imprimé zèbre, une horreur que Mello avait sauvée de la décharge, et dont j'aimais bien me moquer, même si Mello considérait que ce canapé était une merveille. Ha. Ha ha ha. Le problème avec Mello, c'est que je n'arrivais jamais à déterminer s'il disait certaines choses pour plaisanter ou s'il était très sérieux. Et le connaissant, j'avais peur de lui poser la question.

    – Joyeux anniversaire, souffla-t-il d'un ton suave tout en m'embrassant sur la joue.

    Baiser qui, entre nous, avait le goût d'une délicieuse tarte au chocolat sur la joue. Nan mais je déconne pas, c'était très agréable.

    – Tu sais, on en a déjà parlé, tu n'es pas obligé de me le fêter, dis-je avec un petit sourire.

    – Ça me fait plaisir, tu sais. …Ah, au fait, tiens, prends ça.

    Il me tendit un paquet emballé dans un papier noir assez sobre, uniquement orné par le cœur rouge d'Undertale, ainsi que les petites cases « Fight », « Act », « Item » et « Mercy » du jeu. J'ignorais où il avait obtenu ce papier, mais déjà, rien que ce détail dessina un énorme sourire sur mon visage. En voyant ma réaction, Mello se rapprocha de moi tout en léchant son chocolat d'une manière… Bon, je suis désolée de ne pas vous épargner ce détail, mais d'une manière assez sensuelle, on ne peut pas le dire autrement.

    – L'année dernière, pour mon anniversaire, tu m'as donné ton « cœur », après tout. C'est tout ce que j'ai trouvé qui soit lié à Undertale et que tu n'avais pas déjà. …J'espère que l'intérieur te plaira autant que l'extérieur, « sweetheart ».

    – Sérieusement, Mello, t'aurais pu juste m'offrir le papier et j'aurais déjà été folle de joie ! Alors sérieusement, je vois pas comment je pourrais être encore plus--

    – Allez, vas-y, ouvre.

    J'obéis et commençai par ouvrir le premier paquet, le plus gros. Sa forme me rappelait vaguement quelque chose, mais j'avais du mal à identifier quoi, exactement. Je déballai lentement le papier et finis par en sortir…

    – OH PUTAIN ! MELLO, JE… ÇA A DU TE COÛTER UNE BLINDE… MERCI !

    En reconnaissant la boîte d'une Pullip Prunella, je manquai de fondre en larmes. Il était sérieux, là ? Ça me paraissait bien trop beau pour être vrai. Je regardai le côté de la boîte tout en détail, puis commençai à regarder la poupée au maquillage hypnotisant, incrédule. Lorsque j'eus enfin fini de la regarder inlassablement, je me tournai vers Mello et le remerciai de nouveau, manquant de lui sauter au cou.

    – J'avais remarqué que t'aimais bien ces machins. T'sais, elle était pas plus chère que la guitare ou le collier. Puis ça va, on a du fric, c'est pas une poupée à 200 euros à laquelle tu vas vouloir changer les yeux, les cheveux, le corps et les fringues qui va nous ruiner, rajouta-t-il avec un petit sourire en coin. Remercie le compte en banque attribué à tous les gosses de la Wammy's House.

    Je souris. Quelques minutes plus tard, la Pullip trônait magnifiquement sur ma table de chevet, et je tenais à la main le sac avec lequel elle était vendue. Mello me tendit alors un autre paquet, plus petit, de la taille d'un CD. Je m'empressai de l'ouvrir, et je poussai un petit hurlement en reconnaissant le logo. Fond noir, cœur rouge, n'ayant pourtant rien à avoir avec Undertale. American Idiot de Green Day. Notre album, à Mello et moi.

    – Merci, soufflai-je de nouveau. Tu… T'es le meilleur. Vraiment, merci mille fois.

    – Oh, arrête, c'est rien, ça. Je m'étais dit que ça te ferais plaisir, puisqu'on s'est connus là-dessus. …Ça a toujours été mon album préféré. J'étais content de voir qu'au final, j'étais pas le seul au monde. Surtout parce que c'est toi qui était fan.

    – Mello, arrête, ça me gêne, dis-je en rougissant.

    Je l'embrassai pour faire passer ça.

    – Bon, par contre, j'espère que t'attends pas de moi un gâteau, je sais à peine allumer un four--

    – Je m'en fous, de ça, tu sais. Juste être avec toi, ça me suffit amplement. Je t'aime, Mello…

    – Moi aussi je t'aime, Ed.

    Nouveau baiser de sa part. Il m'aurait renversé du chocolat sur le visage, la sensation après son baiser n'aurait pas été très différente. Tout se jouait dans la partie au cours de laquelle il m'embrassait, après tout. Et il le faisait divinement bien.

    Suite à cela, j'allumai ma radio après avoir inséré le CD dedans, et j'enclenchai le mode CD. Dès que les premiers accords de American Idiot jouèrent, j'eus un petit sourire nostalgique. Je regardai Mello avant de poser ma tête sur son épaule, laissant couler le CD tandis que nous nous remémorions tous les bons moments que nous avions vécus ensemble. Enfin, ça, c'était surtout moi. Je ne savais pas quel était le fond de ses pensées, et je préférais ne pas mentionner en sa présence la Wammy's House, de peur de faire une gaffe en mentionnant L, ou pire, Near. Ç'aurait tout gâché, et dans un tel moment, ç'aurait réellement été dommage.

    Je me contentai alors de repenser mentalement à tout ça, à moitié allongée sur Mello, tandis que celui-ci lapait sa tablette de chocolat d'un air pensif. Je me dis qu'il devait réfléchir à un plan d'attaque, ou quelque chose du genre. Je ne savais pas à quoi m'attendre venant de lui, mais je pouvais déjà imaginer que dans les jours qui viendraient, il y aurait un peu d'action. Cependant, je n'avais pas envie de penser à tout cela maintenant. Je voulais juste rester là, au calme, auprès de Mello. J'étais bien comme ça, et je ne voulais surtout pas que quiconque ne m'ôte de tels moments, même si je savais bien que tout cela ne durerait pas éternellement.

    Tandis que je pensais à tout cela, le CD avait bien été entamé sans que je m'en rende compte, et Letterbomb résonnait à fond dans le salon. Mello chantonnait le refrain d'un air absent.

    – Moi, à chaque fois que j'entends cette chanson, ça me rappelle la fois où on nous avait proposés de faire un jeu du loup-garou, à la Wammy, dis-je soudain. La fois où t'étais loup-garou blanc, et que t'avais essayé de tuer Near trois nuits de suite, mais qu'il se sauvait à chaque fois, ou que la sorcière le sauvait. J'me souviens qu'après la partie, t'avais fini en PLS à écouter cette chanson en boucle. M'enfin, c'est vrai, « It's not over until you're underground. » Mais putain, je rageais tellement pour toi, j'aurais vraiment voulu que tu gagnes.

    – Et au final, ce petit con Near m'a bien ridiculisé. Ce petit con… J'arrivais même pas à gagner face à lui à un putain de jeu ! Me reparle pas de cette journée de merde, chaque fois que j'y repense, j'ai envie de tuer des gens au hasard dans la rue. ARGH, ET PUIS SON PETIT AIR SUPÉRIEUR, PUTAIN JE LE HAIS !

    – Je connais ce sentiment, mon vieux. J'ai été à l'école, tu sais, et dès qu'une fille arrivait devant moi alors que je faisais des efforts… Je rêvais de lui distribuer des claques. Mais vraiment, je suis désolée, j'aurais mieux fait de rien dire, je…

    – …Arrête deux secondes avec ça. T'as pas à t'excuser.

    Pendant que le CD passait à Wake me up when september ends, Mello s'adoucit légèrement. J'étais de nouveau pensive, et je regardai Mello d'un coin de l’œil, hésitant à prendre la parole ou non.

    – Mello ? soufflai-je soudain. Il y a une question que j'ai toujours eu envie de te poser… Si tu n'as pas envie d'y répondre, évidemment, tu n'es pas obligé, mais j'aimerais le savoir. Ne le prends surtout pas contre toi--

    – Arrête de tourner autour du pot. Vas-y, envoie.

    – Je me demandais… Quelle était ta vie, avant d'entrer à la Wammy's House ? Comment ça c'est passé… Oh, non, oublie, c'était débile, et t'as sûrement pas envie d'en parler.

    – Si ça te passionne tellement… Après tout, toi, tu me racontes des anecdotes de ta vie en détail, du coup je suppose que je peux bien te parler de moi. Eh bien, en fait… Quand je suis arrivé à la Wammy's House, j'avais environs huit ans. Avant ça, je vivais encore avec mon père. Ma mère est morte quand j'étais encore un bébé, je ne l'ai pas connue, et lui, il ne m'en parlait jamais. À force, je l'ai chassée de mon esprit. Pour qu'elle ait traîné avec mon père, de toute façon, ce devait être une traînée, ou une fille désespérée. Et mon père… Il était obsédé par la perfection. Il avait échoué dans la vie. C'était une épave, du coup, il passait sa névrose sur moi. Il voulait que moi, son fils unique, je réussisse partout où lui, il avait échoué. Il voulait que je sois numéro 1 dans tous les domaines. Si bien que ça a complètement été ancré dans ma façon de penser. C'est probablement à cause de lui, que je veux tellement être le premier. C'est devenu une obsession pour moi, comme ça l'était pour lui.

    « Sauf que… On me foutait beaucoup trop de pression. Et malgré mes efforts, des fois, j'échouais. Et ça, mon père ne le supportait pas. Il pétait des câbles dès que ça arrivait. Et lorsqu'il apprenait que je me montrais parfois violent avec d'autres gosses, il enrageait encore plus… C'est assez ironique, non ? Si j'étais aussi violent, c'est parce qu'il l'était avec moi, après tout. Héhé… Il aurait peut-être du avoir un gosse comme « Saint » Near, plutôt que moi. Enfin bref. Un jour, j'en ai eu marre, et je me suis enfui. – Ouais, les fugues, c'est mon truc. – Je voulais plus jamais retourner chez moi. Et là, j'ai rencontré un homme de la Wammy's House, qui avait entendu parler de moi. Apparemment, ils avaient vu du potentiel chez moi, là où mon père n'avait vu qu'un nouvel échec. …Et une semaine plus tard, mon père est mort comme l'épave qu'il était, dans une flaque de vomi. J'ai pas pleuré. J'ai même pas été triste. Ensuite, je me suis cassé à la Wammy's House, et… Bah, au début, ça se passait bien. Puis le jour où Near est arrivé, le cauchemar a repris, mais c'était… différent. Je crois. J'en sais trop rien, et j'en ai rien à battre. …Enfin, voilà ma vie, en gros.

    Je l'avais écouta patiemment, sans rien dire. Seules mes expressions faciales changeaient, passant de l'intérêt à la compassion, à l'angoisse, à la rage, au dégoût pour finir par un peu plus de compassion. Lorsque Mello termina son récit, je le pris dans les bras. D'une voix tremblante, je m'excusai. Si j'avais su que son histoire était si dure… Je ne l'aurais sûrement jamais forcé à révéler cette partie de sa vie. En caressant son visage, je sentis que ses joues étaient humides. Je le serrai un peu plus fort dans mes bras, et m'excusai de nouveau.

    – C'est rien… Tu pouvais pas savoir… Tu sais, je suis même pas vraiment triste. C'est juste que… Que je me rends compte que ma vie a été un bordel sans fin depuis le début, en fait. Et je fous tout en l'air à chaque fois.

    – Dis pas ça… Ça va aller. Tout va bien se passer… Mello… On va s'en sortir. Tous les deux. On survivra. On arrêtera Kira. Et là… Je te promets que tout va s'arranger.

    – Kira. (Il eut un petit rire.) Avec tout ça, je l'avais presque oublié, cet enculé. T'as raison. On lui fera sa fête. Mais on ne fera pas que l'arrêter. Le jour où on l'aura entre nos mains, on le tuera. On le tuera de sang froid, comme il l'a tué.

    J'acquiesçai en silence. Je n'aimais pas trop formuler cette idée à voix haute, mais moi aussi, j'avais réellement envie de tuer Kira et de lui faire payer pour ses actions. Le meurtre de L me traînait encore en travers de la gorge, et je ne pourrais digérer le morceau que le jour où son meurtrier serait six pieds sous terre. Et, tout comme Mello, je voulais être celle qui lui porterait le coup de grâce. Nous rêvions tous de cette fin où Kira était enfin vaincu. Au cœur des ténèbres, nous nous révoltions contre le monde créé par Kira, et nous étions prêts à tout mettre en œuvre pour le vaincre. Jamais personne ne se mettrait en travers de notre chemin. C'était un serment que nous avions fait, et que nous étions prêts à tenir. Rien ni personne ne pourrait nous stopper.

    Le reste de la journée fut dieu merci plus calme. Après nous être calmés, nous allumâmes un ordinateur portable et lançâmes un film au hasard, que de toute manière, nous ne regardâmes pas. À la fin de la journée, après m'avoir de nouveau souhaité un joyeux anniversaire, Mello repartit dans sa chambre et moi dans la mienne. Cette journée se finit pour moi sur un sentiment doux-amer auquel j'aurais probablement du m'attendre.

    « Mais qu'est-ce qui m'a prit de lui demander comment il vivait avant la Wammy… ? Je suis vraiment trop bête. Est-ce qu'il me pose ce genre de questions, lui ? »

    Cependant, Mello ne fit jamais référence à mon « indiscrétion » vis-à-vis de lui. Même si à première vue il ne m'en voulait pas, moi, je m'en voulais à mort de lui avoir fait se rappeler tous ces mauvais souvenirs, qu'il aurait probablement préféré effacer à tout jamais de sa mémoire.

    Néanmoins… Maintenant, j'en savais un peu plus sur lui. Enfin, en tous cas, je savais d'où lui venait son besoin obsessionnel d'être numéro 1. Lorsque je repensai à tout cela dans mon lit, le soir-même, je compris d'autant plus ses ressentiments face à Near.

    Mello…

    Plus j'en apprenais sur lui, plus je voulais en savoir. Mello était une énigme attrayante, complexe, mais dont je commençais à comprendre le fonctionnement, même si la plupart du temps, j'avoue qu'il ne m'y aidait pas beaucoup. Mais j'étais déterminée à rassembler dans le bon sens toutes les pièces du puzzle « Mello », tout comme j'étais déterminée à l'aider à arrêter et tuer Kira.

    D'autres jours, puis semaines, puis mois s'écoulèrent. Au cours de celles-ci, rien de décisif. D'ailleurs, je pense pouvoir sans peine faire un saut de quelques années, vous comprendrez l'histoire de toute manière, j'en suis certaine. Ça vous va ? Très bien. Faisons donc un saut dans le temps, et arrivons donc au jour du 5 novembre 2020. Jour qui marqua la troisième année depuis la mort de L. La troisième année depuis notre départ de la Wammy's House. Cependant, cette année fut un peu particulière. Pour la simple et bonne raison qu'au lieu de nous ramener uniquement des mauvais souvenirs comme les trois années précédentes, nous retrouvâmes enfin en ce jour un de nos vieux amis.


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  • I am your worse nightmare

    J'écoutais Novocaine et j'ai eu envie de faire ça. Vive les Fall Out Boy.

    Enfin voilà, j'ai foiré la typo mais bon.


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  • Megurine Luka

    Fait avec le tutoriel de Crystal, mais j'ai pris quelques libertés. J'arrive pas à dire si j'ai foiré ou si j'aime bien. Mais j'aime les couleurs.


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